Un rapport récent de l’Observatoire des tout-petits met en lumière une réalité qui touche beaucoup de jeunes enfants au Québec⁠1. On y apprend que les tout-petits ayant besoin de soutien particulier font face à plusieurs barrières pouvant influencer leur développement et les empêcher d’atteindre leur plein potentiel. À titre de pédiatres du développement, c’est malheureusement une réalité que nous connaissons trop bien.

La pédiatrie du développement est une surspécialité de la pédiatrie reconnue par le Collège des médecins du Québec et le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada qui requiert actuellement une formation supplémentaire d’au moins deux ans.

En collaboration avec d’autres professionnels, les pédiatres du développement évaluent ou suivent des enfants et adolescents avec des troubles du neurodéveloppement. Le plus souvent, ces troubles ont un impact significatif sur leur fonctionnement au quotidien, à la maison, au service de garde éducatif ou à l’école. Entre autres, leurs difficultés peuvent affecter la motricité, la communication, les apprentissages et le comportement (social, affectif et sensoriel). Dans ce processus, nous identifions les facteurs de risque génétiques, personnels, médicaux, familiaux, sociaux et environnementaux pouvant contribuer aux difficultés.

À travers notre travail, nous sommes très régulièrement témoins de difficultés rencontrées par les familles à la recherche d’aide pour leurs enfants. Des parents déplorent la complexité à naviguer dans le système de santé, les délais importants avant l’obtention des services et la lourdeur administrative lorsque vient le temps de remplir des formulaires de subvention.

Les familles vivant dans un contexte socioéconomique et professionnel plus difficile, les familles immigrantes et celles ayant un plus faible niveau de scolarité sont davantage touchées par cet obstacle.

D’autres parents puisent dans le budget familial pour accéder à des services de thérapie offerts au privé, en orthophonie, en ergothérapie, en psychoéducation et en psychologie, par exemple. Les familles qui sont dans l’impossibilité de le faire doivent attendre pour recevoir les services offerts au public.

Nous croyons qu’il est impératif d’améliorer la situation en continuant d’accroître les investissements dans l’offre de services publics faite aux tout-petits ayant des besoins particuliers. Il importe de :

  • réduire les délais d’accès aux services ;
  • offrir des services adaptés aux besoins de chaque enfant et de sa famille, peu importe son diagnostic ;
  • bonifier les programmes sociaux de soutien aux parents pour les rendre plus accessibles et ajustés aux réalités sociales et culturelles de chacun ;
  • soutenir davantage les professionnels du réseau des services de garde éducatifs et du réseau scolaire, pour favoriser l’inclusion d’enfants avec des besoins particuliers.

Il est de notre devoir, collectivement, de se porter à la défense des intérêts de tous les enfants du Québec afin qu’ils puissent grandir dans des conditions leur permettant de se sentir inclus dans la société, d’aborder avec confiance les différentes étapes de leur vie et de devenir des citoyens à part entière.

Cosignataires : Dre Laurence Beaulieu-Genest, pédiatre du développement, Dre Céline Belhumeur, pédiatre du développement, Dre Frédérique Berger-Caron, pédiatre du développement, Dre Dominique Cousineau, pédiatre du développement, DShuvo Ghosh, chef de la section de pédiatrie du développement de l’Hôpital de Montréal pour enfants, Centre universitaire de santé McGill (CUSM), Dre Magdalena Jaworski, pédiatre du développement, Dre Fanny Lacelle-Webster, pédiatre du développement, CIUSSS de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), Dre Sarah Masson, pédiatre et résidente finissante en pédiatrie du développement, Dre Marie-Pier Poulin-Lord, résidente en pédiatrie du développement

1. Lisez le rapport de l’Observatoire des tout-petits Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue