La Ville de Victoriaville a investi au fil des ans des millions de dollars pour assurer la vitalité de son centre-ville. La municipalité a notamment réaménagé la rue Notre-Dame et effectué les travaux nécessaires pour faciliter la vie des commerçants et organismes qui contribuent à l’activité remarquable du centre de notre agglomération.

Le taux d’occupation des locaux est excellent, les investissements sont nombreux et Victoriaville est fière de cette réussite. Ce succès profite également à toutes les municipalités de la MRC Arthabaska, une ville centre en santé étant un plus pour notre territoire.

Or, le premier coup dur à notre communauté risque de venir du gouvernement lui-même. Au moment où le gouvernement publie de nouvelles orientations en aménagement du territoire dans lesquelles il priorise la consolidation des centres-villes et des noyaux villageois, la Société des alcools du Québec (SAQ) nous annonce qu’elle quitte notre rue principale pour s’établir à côté d’un supermarché, dans une zone résidentielle. Tout cela malgré que la SAQ confirme elle-même la rentabilité de sa succursale de la rue Notre-Dame, qui contribue activement à l’attractivité du centre-ville. Victoriaville a toujours été une partenaire d’affaire affable de la SAQ pour lui assurer des conditions maximales pour son exploitation, la Ville ayant même démoli deux édifices à l’arrière du bâtiment pour l’accommoder.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Jacques Farcy, président et chef de la direction de la SAQ

Dans une lettre récente, le président et chef de la direction de la SAQ, Jacques Farcy, m’écrit que la SAQ n’a pas à suivre les orientations gouvernementales en aménagement du territoire, qu’elle est tenue de répondre à ses seules obligations commerciales et de saine gestion.

Dans les discussions entourant ce dossier, la SAQ fait aussi référence à l’autonomie de sa gestion, affirmant qu’elle n’a pas à tenir compte des demandes politiques pour le choix de ses établissements.

La SAQ veut-elle travailler avec les municipalités ?

La réponse de M. Farcy est extrêmement décevante. La SAQ est une société d’État dont le seul actionnaire est, au nom de tous les Québécois, le ministre des Finances. Aussi, la SAQ doit donc tenir compte des grandes politiques qui guident les décisions de cet actionnaire et l’une d’entre elles est constituée des orientations gouvernementales en aménagement du territoire. La SAQ doit donc prendre conscience que figure également parmi ses obligations l’appui aux cœurs des agglomérations et des communautés.

La SAQ ne peut, à elle seule, à partir de son siège social de Montréal, affaiblir et remettre en cause ce que les élus de deux niveaux de gouvernement identifient comme essentiel pour l’organisation des services dans nos communautés.

Comme société d’État, la SAQ ne peut se mettre au-dessus de l’État. Aussi, je me pose la question : la SAQ a-t-elle dans ses valeurs de travailler avec les municipalités et de respecter les choix du gouvernement ou veut-elle simplement imposer sa vision pour toujours vendre davantage d’alcool aux Québécois et aux Québécoises ?

À titre de maire de Victoriaville, mais aussi de premier vice-président de la Fédération québécoise des municipalités qui regroupe plus de 1040 municipalités locales et régionales sur une base volontaire, je demande au ministre des Finances et à la ministre des Affaires municipales de rappeler ses obligations au président et chef des opérations de la SAQ. Il s’agit là d’un test important qui nous permettra de voir si le gouvernement entend faire respecter ses orientations en aménagement par ses ministères et organismes, et si un président d’une société d’État peut décider à lui seul si une politique du gouvernement s’applique ou non.

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