Si le thème du nationalisme peine à susciter l’intérêt constant du public, il reprend invariablement sa place sur le devant de la scène médiatique lors de chaque congrès du Parti libéral du Québec, comme pour illustrer la crise identitaire aiguë que traverse cette formation politique.

Il va sans dire que le nationalisme, cette fervente dévotion envers une nation et son identité, a joué un rôle primordial dans l’histoire du Québec. Pourtant, au courant des dernières années, son essence et ses nuances ont été érodées, donnant naissance à une version diluée et parfois même galvaudée.

Au Québec, le phénomène de dénaturalisation du nationalisme et de ses sens est particulièrement prégnant, notamment en raison de l’emploi bien trop fréquent du terme dans divers contextes.

La responsabilité de cette érosion incombe en grande partie à la classe politique québécoise. Plutôt que de prioriser l’avancement des intérêts politiques, socio-économiques et environnementaux du Québec, propulsé par une véritable intention de réaliser le plein potentiel et l’épanouissement de sa population, les politiciens, indépendamment de leur affiliation, s’affairent à se disputer le pouvoir d’une manière qui dénigre l’intelligence citoyenne.

Se basant, avec une naïveté coupable de simplisme, sur l’idée que les Québécois – du fait de leur statut de minorité en Amérique du Nord – seraient naturellement enclins à voter pour tout parti ou programme qui prône démesurément la défense de leur identité, ils sombrent dans la surenchère du « es-tu capable d’aller plus loin ? ». Cette présomption hasardeuse a engendré une compétition malsaine entre partis politiques, chacun tentant de surpasser l’autre en proclamant son amour inconditionnel pour la nation.

Outil de marketing

Ce concours de démonstrations d’affection pour le Québec cache en réalité un mépris profond des politiciens envers les électeurs. Il sous-entend que la population serait consciemment prête à sacrifier des politiques bien pensées et une gouvernance efficace pour un irrésistible excès de fierté nationale. De plus, cette stratégie politique a conduit à une saturation du discours nationaliste dans les médias, contribuant davantage à sa dégradation au point de le rabaisser au rang d’un simple outil de marketing électoral.

L’impact de cette instrumentalisation du nationalisme est multiple et dessert tous les Québécois.

Pour ceux qui adhèrent à une vision rigoriste du nationalisme, les propositions politiques actuelles paraissent souvent insuffisantes, voire superficielles. D’un autre côté, ceux qui voient le nationalisme comme une célébration de la réussite collective du Québec trouvent que l’approche actuelle manque cruellement de nuance et de pragmatisme.

Et il y a aussi ceux qui, bien qu’attachés au Québec, ses spécificités et sa singularité, ne s’identifient pas comme nationalistes. Ces individus se retrouvent stigmatisés, considérés comme de moins « bons » Québécois. Ils sont fatigués d’être accusés de trahison envers la nation et traités d’inféodés au Canada et à toute autre « force obscure » qui chercherait activement à dissoudre l’identité québécoise. Comme si pour contribuer au succès, à l’épanouissement et à l’affirmation politique du Québec, il faut nécessairement se revendiquer nationaliste.

Le nationalisme, dans son essence, devrait être un outil d’unité, de célébration, et de progression pour une nation. Pour le Québec, il est crucial de redéfinir et de réhabiliter cette idéologie, en la libérant des chaînes de la politique partisane, en cessant de la réduire à un simple leurre pour les urnes et en la replaçant au cœur des préoccupations et des véritables aspirations des Québécois.

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