Monsieur le Ministre Dubé, nous ne nous connaissons pas. Je suis l’un de vos plus anciens prédécesseurs. J’étais le ministre des Affaires sociales au moment de la mise en place du système public de santé du Québec.

Je suis conscient que ce système vit de nombreux problèmes et je comprends que vous êtes soucieux de les résoudre. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que ce système possède également de nombreux centres d’excellence souvent de calibre international. Des initiatives conçues localement qui ne doivent que très peu à l’orientation des autorités. Elles sont à l’origine de réalisations impressionnantes de la création du système à aujourd’hui.

Tout système national de santé doit faire face à une exigence d’adaptation constante face à l’évolution du savoir, de la technologie et des meilleures façons de faire. Ce besoin s’accroîtra avec l’essor de la génomique et de l’intelligence artificielle. Une certaine flexibilité est et sera nécessaire, car l’exigence du changement n’interpelle pas tous les éléments du système de la même façon.

D’ailleurs, tout dans les soins de santé exige d’accepter, tout en aidant à en pallier les défauts, l’immense variété des situations, des besoins et des ressources humaines et matérielles.

Monsieur le Ministre, la législation que vous proposez semble vouloir accentuer une centralisation déjà importante. La centralisation est l’ennemie de l’initiative locale qui crée des exemples à imiter. L’autorité doit être partagée afin que l’on reste au diapason de ceux qui, sur le terrain, vivent ce système immense, dispersé sur un énorme territoire aux conditions multiples. La centralisation sans partage ne peut qu’être l’ennemie de l’adaptation efficace à une évolution implacable, de caractère mondial.

Tous dans ce système ne jouissent pas de la même aptitude à gérer, à innover ou à s’adapter. Vouloir uniformiser en exigeant que l’on attende les moins entreprenants, c’est, en même temps, freiner tous les autres et mépriser les contributeurs les plus diligents.

Dans le Discours de la méthode, René Descartes a conseillé d’éviter de chercher des solutions globales aux problèmes. Il a dit qu’il faut au contraire diviser un problème en autant d’éléments que possible, de manière à ce que la solution de chaque élément soit évidente. Ce « cartésianisme » est jugé comme la clé de la révolution scientifique qui dure encore. Cet appel à la rigueur, je le suggère humblement, peut s’appliquer avantageusement à la résolution des problèmes du système de santé du Québec.

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