Le dernier message que j’ai reçu avant la coupure de toutes les communications provenait d’un de mes amis militants à Gaza : « Ceci est mon dernier message pour vous, pardonnez-nous, mais nous ne pardonnerons jamais. »

Je l’ai lu, l’esprit et le cœur brisés. Durant 16 ans, le siège a oblitéré les opportunités de développement, de mise en réseau et d’échange avec d’autres Palestiniennes et Palestiniens ou même avec le monde extérieur. Pourtant, nous avions prévu, avec mon ami, de nous rencontrer à Gaza en tant que militantes, militants et groupes de travail de jeunes pour aborder la santé et les droits sexuels et reproductifs à Gaza.

Aujourd’hui, de telles rencontres ne sont plus possibles. Gaza est anéantie par la destruction massive d’infrastructures civiles, éducatives et sanitaires. Les risques environnementaux liés aux obus et aux bombes, dont l’impact sur les êtres humains, la santé et l’écosystème, transforment Gaza. Si vous regardez autour de vous, vous ne verrez que des vestiges de la ville. Toutes les formes de vie et de civilisation sont anéanties quotidiennement par des bombardements militaires continus, brutaux et aveugles, depuis l’air, la mer et la terre.

Le bruit des bombes et des roquettes, la peur d’être le prochain, la perte tragique de sa famille, de ses proches et amis ont un impact sur la santé mentale des Palestiniennes et Palestiniens et sur leur bien-être.

Les femmes et les jeunes filles sont en danger, les organisations féministes locales et les agences des Nations unies mettant en garde contre la perte d’accès à l’eau potable, aux serviettes hygiéniques et à d’autres articles d’hygiène essentiels.

Les femmes vivent actuellement à Gaza dans des conditions inimaginables, certaines d’entre elles prenant des pilules pour éviter d’avoir leurs règles. On estime à 50 000 le nombre de femmes enceintes à Gaza qui n’ont pas accès aux soins de santé, car la plupart des services de soins de santé primaires sont fermés. Il n’y a aucune garantie que les femmes enceintes puissent accoucher en toute sécurité ou même recevoir des soins maternels, et leurs bébés ne seront pas vaccinés régulièrement, ce qui est trop risqué.

Plus de 4000 enfants ont été tués, beaucoup ont été déplacés avec leur famille ou ont perdu leur famille à cause des bombardements. Les ramifications dévastatrices chez les enfants de la perte et de la douleur, physiquement et mentalement, affecteront en effet leur croissance et leur bien-être et, plus important encore, leur vision et leurs perspectives de la vie et de l’avenir. La bande de Gaza a été décrite par l’UNICEF comme « l’enfer des enfants ». Ce à quoi les enfants palestiniens sont confrontés est horrible, douloureux, traumatisant et inhumain.

Le déplacement de 1,4 million de Palestiniennes et Palestiniens dans Gaza et les ordres militaires israéliens d’évacuation des civils, des patients et des hôpitaux aggravent la situation, ne laissant aucun choix entre la vie et le martyre. Il n’y a pas d’eau, de nourriture, d’électricité, de carburant ou de fournitures médicales et de médicaments. Malgré les appels à l’action lancés par de nombreuses agences des Nations unies et organisations humanitaires, l’acheminement de l’aide n’est pas suffisant, pas suffisant du tout.

En Cisjordanie, depuis le 7 octobre, environ 800 Palestiniennes et Palestiniens ont été déplacés de force de leurs maisons, chassés de 15 communautés d’éleveurs bédouins dans la zone C, où 121 autres personnes ont été déplacées après la démolition de leurs maisons par les autorités israéliennes sous prétexte qu’elles n’avaient pas de permis de construire délivré par Israël.

Les points de contrôle, la démolition de maisons, l’intensification de la violence des colons et les restrictions d’accès limitent les mouvements dans le secteur, ce qui empêche les femmes enceintes de se rendre à l’hôpital le plus proche pour des examens ou pour accoucher. Les femmes ont dû accoucher à la maison, dans la rue ou, si elles avaient de la chance, dans une ambulance ou une voiture. De même, l’accès aux centres de soins de santé primaires devient un luxe, car la plupart du temps, elles n’y parviennent pas. La fourniture de services essentiels de santé sexuelle et reproductive est rare dans la zone C, car seules les cliniques mobiles atteignent les habitantes de ces communautés et, compte tenu des restrictions de déplacement, elles n’atteindront probablement pas les femmes et les jeunes filles en ce moment.

Les femmes et les jeunes filles palestiniennes ont besoin d’un cessez-le-feu pour exercer pleinement leur droit à la santé.

Ce n’est qu’avec un cessez-le-feu que les femmes se sentiront assez en sécurité pour se rendre dans un dispensaire ou un hôpital pour l’un des quatre examens prénatals recommandés, pour accoucher dans de bonnes conditions, pour faire vacciner leurs bébés ou pour bénéficier d’un soutien en matière de planification familiale.

Ce n’est que lorsque les frontières seront ouvertes que les hôpitaux et les centres de soins disposeront d’électricité, de carburant, de fournitures médicales et de médicaments qui leur permettront de fournir des services. Les médecins comme moi et le personnel de santé en première ligne veulent servir leurs patients. Le droit international et les conventions relatives aux droits de la personne doivent être respectés, les Palestiniennes et Palestiniens doivent jouir de leur droit à l’autodétermination et à la liberté, et le monde doit les écouter.

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