En ce mois de décembre 2023 qui prépare les esprits à la fête de Noël et aux autres moments de réjouissance, la grisaille qui teinte l’actualité locale, nationale ou internationale va peut-être modérer, à des degrés divers, la bonne humeur chez certains d’entre nous. De plus, selon qu’on soit proche de notre famille, que l’on cultive des relations d’amitié, ou que l’on soit plutôt seul, isolé ou souffrant, cela peut faire une différence dans notre manière de traverser la période des Fêtes.

Malgré nos efforts pour profiter des moments de réjouissance, pour se changer les idées, refaire le plein d’énergie ou créer une zone de « cessez-le-feu » avec nos inquiétudes, il est possible que la conscience aiguë de la souffrance qui nous entoure suscite en nous le sentiment d’être décalé lors des fêtes de bureau ou de famille, que l’on soit préoccupé par la souffrance environnementale, par celle des populations en guerre ou des personnes en situation d’itinérance, par celle qui affecte un proche, ou encore, par notre propre souffrance. Celle-ci peut être ressentie physiquement (par des douleurs chroniques, par exemple), mentalement ou émotionnellement (par des états anxieux, dépressifs ou autres). Elle peut nous faire sentir comme un étranger au sein d’un groupe réuni pour faire la fête, ou au sein de notre propre famille.

Évoquer, en cette période de l’année, ce qui nous inquiète ou nous tracasse peut alimenter la crainte d’être perçu comme un trouble-fête. Nous pouvons être tenté de se dire intérieurement : il ne faut pas penser à la souffrance du monde, nous n’y pouvons rien de toute façon… On peut se dire : « Cela ne sert à rien de parler de ma propre souffrance, ce n’est pas le moment et je risque de créer un froid au sein du groupe ou de ma famille. » Il peut paraître alors plus facile de s’exclure soi-même de la fête, d’éviter d’aller au souper avec ses collègues ou avec la famille.

Et s’il était possible d’envisager les choses autrement ? S’il était possible de reconnaître sa propre souffrance, celle des autres ou de notre monde, tout en se réjouissant d’être ensemble et de profiter de la légèreté et du ressourcement que procure la fête ?

S’il était possible de reconnaître que la souffrance peut aussi côtoyer la joie et le rire, sans que la fête tourne au drame ou soit anéantie par quelques moments de tristesse ou d’émotion ? Si l’on pouvait s’offrir en cadeau cette expérience, propre à l’être humain, de reconnaître qu’il peut être légitime de vivre et de partager plusieurs émotions à la fois, légitime de s’indigner, de rire et de pleurer, grâce à cette capacité que nous avons de nous consoler mutuellement, de nous solidariser, d’être présents les uns pour les autres ?

Les découvertes des dernières décennies ont permis d’accentuer notre prise de conscience des conséquences de la surconsommation et de l’importance de notre interdépendance pour assurer notre survie individuelle, la survie de notre espèce, et le maintien de notre santé globale – physique, mentale et spirituelle. Pourquoi ne pas offrir en cadeau, en cette période des Fêtes 2023, un repos pour l’âme et un baume au cœur : l’accueil de l’autre tel qu’il est, sans jugement, et l’authenticité des sentiments ?

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