Actuellement, nous parlons beaucoup des élèves qui ont des besoins particuliers. Ils sont pour la plupart étiquetés avec un trouble d’apprentissage ou avec un trouble neurodéveloppemental. Ils sont montrés du doigt pour toutes sortes de raisons.

Je vous invite à repenser ces étiquettes psychiatriques pour voir d’un autre angle ces différences, celui de la neurodiversité.

Les profils atypiques ont un mode d’apprentissage hors du commun. Pour la grande majorité, nous parlons d’un modèle cérébral complexe alternatif. Ce cerveau atypique permet à certaines habilités et à un certain potentiel d’être présent⁠1. Il y a donc des forces et leurs revers. C’est un tout. Et souvent, plus une aptitude est élevée, plus un défi – surtout dans le milieu scolaire – est remarquable.

Une difficulté dans un domaine ne signifie pas être moins intelligent ni plus lent ni inférieur. Avoir des aptitudes hors norme ne signifie pas être plus intelligent ni plus rapide ni supérieur. C’est simplement de réfléchir, de comprendre, de percevoir, de ressentir autrement de la majorité. Ce n’est ni bien ni mal. C’est ce qui est.

Dans nos milieux scolaires, ces modes d’apprentissage sont incompris. Souvent, l’enfant se retrouve avec un diagnostic.

Et faire un diagnostic, c’est identifier des défis et des troubles chez un enfant. Ils deviennent des enfants avec des besoins particuliers, ce qui a une connotation négative. Ce sont des enfants à défis. Ceux qui retardent le groupe et ceux qui demandent plus de soutien, plus d’interventions, plus de TES. Ouf, c’est épuisant !

Poser les questions autrement

Mais est-ce la réalité ? Jamais on ne se pose la question sous l’autre angle : et si c’était les enfants « réguliers » qui retardent les enfants « à besoins particuliers » ?

Je ne crois pas qu’un groupe d’enfants en retarde un autre. Cela dit, j’aimerais qu’on pose autrement les questions. Si les enfants que nous appelons « à besoins particuliers » ne vont pas au même rythme que la majorité, se pourrait-il qu’ils apprennent autrement ? Se pourrait-il que le système scolaire brime leur intelligence et leur potentiel en imposant des apprentissages en mode par cœur et basés sur le verbe qui ne leur conviennent pas ?

Avoir un mode d’apprentissage atypique amène des forces perceptives visuelles, olfactives, auditives, kinesthésiques, émotionnelles, intuitives, analogiques remarquables.

Les aspects procéduraux des apprentissages scolaires comme la lecture, l’écriture, les règles mathématiques, les dates, les séquences, etc. sont difficiles pour plusieurs neurodivergents. Le système d’éducation engendre des défis, des retards d’apprentissage et des troubles à des enfants qui ont d’autres aptitudes que celles d’apprendre par cœur en utilisant systématiquement et obligatoirement la mémoire de travail et la mémoire procédurale pour réussir.

Par exemple, on souhaite parfaire la lecture chez les dyslexiques ou parfaire la communication sociale chez les autistes. Mais quand allons-nous permettre aux dyslexiques de devenir meilleurs en tant que dyslexiques et aux autistes de devenir meilleurs en tant qu’autistes ?

Pour cela, il faudrait considérer que ces neurotypes sont un mode d’apprentissage à part entière avec de réelles aptitudes innées. La majorité des personnes neurodivergentes ont des habiletés pour apprendre par des expériences personnelles, par des histoires, par l’imaginaire et par des liens qui ont du sens pour eux. Le cerveau pense en images, en concepts, en émotions, en sensations, en lien, en idées. C’est très difficile de réfléchir en termes de lettres, de mots et de chiffres exempts de sens interne et d’émotions. L’apprentissage passera davantage par leurs intérêts et par une interaction directe avec leur environnement.

Encourageons-les et soutenons-les dans leurs passions, leur créativité, leur rêverie, leur exploration, leur innovation. La diversité a des avantages évolutifs. Tirons-en profit et cessons de tirer nos enfants vers le bas. Parce que l’échec scolaire n’existe pas !

1. Lisez La neurodiversité : un réel atout pour la survie de notre espèce Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue