Tout le monde connaît l’affreux personnage qui n’aime pas les enfants. Fiction ou réalité, on dirait bien que le maléfique personnage de Charles Dickens s’est réincarné pour les Fêtes au Québec cette année.

La « doc » et la « prof » de pédiatrie que je suis depuis 20 ans regardent ça aller depuis quelques semaines et commencent à trouver qu’un certain manque d’ambition a malheureusement atteint le cœur du gouvernement du Québec. Au fait, quel cœur ?

Je ne lance pas cette boutade sans raison. Il y a un lien avec ce qui se passe chez les enfants du Québec en ce moment et cette grève interminable.

Ce qui fait de la médecine une science respectée depuis plusieurs siècles, c’est qu’elle s’appuie, heureusement, sur des faits et des vérités vérifiés. C’est également vrai en médecine pédiatrique.

La fermeture des écoles en 2020, à la suite de la pandémie de COVID-19, nous a appris de nombreuses vérités scientifiques sur ces fermetures scolaires et leurs effets délétères chez les jeunes.

La santé physique

Les fermetures scolaires causent une réduction de 50 % de l’activité physique chez les jeunes. C’est aussi une triste augmentation de 50 % de la consommation de la malbouffe, d’aliments non nutritifs et de la sédentarité, dont la surconsommation majeure des écrans, et ce, avec une augmentation également vérifiée de l’épidémie d’obésité chez cette population.

La santé mentale

L’absence de socialisation scolaire et d’interaction avec leurs pairs chez les plus jeunes et les adolescents provoque de l’isolement, une solitude qui s’est traduite dans toutes les études par une nette augmentation de l’anxiété, des dépressions et des tentatives de suicide. Les blessures auto-infligées sont également, elles aussi, en hausse lors de ces fermetures scolaires. On note par ailleurs une augmentation des abus, parce que le filet social que constitue l’école fait baisser de manière significative les signalements. Logique !

Les apprentissages

Le droit à l’éducation est un droit fondamental de l’UNESCO dont le but est de sortir les hommes et les femmes de la pauvreté, de réduire les inégalités et d’assurer un développement durable. J’écris cela et mon cœur de pédiatre se serre pour tous ces jeunes… En absence d’école, on observe des délais d’apprentissage importants, un recul de leurs connaissances en général, une réduction marquée des capacités en mathématiques et en lecture et un accroissement des déficits d’apprentissage chez ceux ayant des besoins particuliers.

Bref, au-delà des impacts physiques, de santé mentale et des conséquences sur les capacités d’apprentissage des enfants, c’est la sécurité de ces derniers qui est en ce moment menacée, c’est un accroissement des iniquités sociales, une augmentation de l’insécurité alimentaire déjà inégalée et un stress parental qui s’étend sur tout le Québec.

De mars à mai 2020, les écoles ont été fermées deux mois et demi. En janvier 2024, on en sera à près de deux mois sans école… Il y a tout de même un certain parallèle qui doit se faire. Une petite lumière qui doit s’allumer à l’étage supérieur ! Et tous ces traumas en moins de cinq ans !

C’est fascinant de constater le manque d’érudition dont souffrent certains politiciens. Sont-ils mal entourés ? Savoir gouverner, c’est savoir offrir une vision à long terme d’un Québec prospère que l’on veut éduqué et en santé. Ce qui se passe en ce moment avec cette grève interminable, c’est ni plus ni moins la construction d’un Québec médiocre et sans ambition, en reproduisant chez cette génération d’ores et déjà grandement affectée des traumas additionnels qui marqueront certes le règne politique actuel, mais d’une manière qui laissera un goût très amer à la dinde cette année, si on peut encore en acheter une !

Quand je regarde tout cela avec mon œil scientifique, de manière globale, avec tous ces faits vérifiés, je ne peux m’empêcher de vous souhaiter un bien bon moment de réflexion et d’analyse pendant le temps des Fêtes et de faire, comme monsieur Scrooge, de très bons rêves… cher Monsieur Legault.

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