Le risque varie selon les différentes régions, mais les changements climatiques représentent aujourd’hui une menace pour les bâtiments et les infrastructures publiques de partout au Québec et au Canada. Un coût grandissant y est également rattaché et celui-ci vient alourdir le fardeau financier des villes et des gouvernements. Ultimement, cette facture sera assumée par des citoyens et citoyennes qui sont déjà fortement frappés par l’inflation et la crise d’abordabilité du logement.

Le Bureau de l’assurance du Canada (BAC) relatait par ailleurs dans son dernier bilan 2023 que plus de 1,5 million de résidences à haut risque d’inondation ne peuvent plus obtenir d’assurance. Le gouvernement fédéral estime quant à lui que, d’ici 2030, les catastrophes naturelles entraîneront des pertes qui s’élèveront à 15,4 milliards de dollars chaque année.

Adapter nos façons de faire et améliorer nos pratiques devient un impératif économique.

Une saine gestion des deniers publics devrait donc impliquer de tenir compte de l’impact des différents scénarios climatiques pour chaque nouvelle construction d’une infrastructure.

La pénurie de logements est l’un des plus grands défis auquel nous sommes présentement confrontés. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) évalue qu’il faudra construire 3,5 millions de logements d’ici 2030, en plus de ce qui est déjà prévu pour assurer l’abordabilité. L’annonce récente de la Ville de Montréal qui projette de construire 700 nouveaux logements sur le site de l’îlot Voyageur était donc particulièrement la bienvenue. C’est aussi un bel exemple de projet où la ville aurait tout intérêt à travailler de concert et en amont avec les acteurs du milieu de l’adaptation aux changements climatiques. Pour la conception d’un nouvel immeuble à logements comme celui-ci, il faudra par exemple faire l’estimation de sa vulnérabilité en termes de vagues de chaleur, d’évènements pluvieux pouvant provoquer des inondations et de risques liés aux pluies verglaçantes.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La Ville de Montréal aurait intérêt à travailler de concert avec les acteurs du milieu de l’adaptation aux changements climatiques pour son projet de construction de logements sur le site de l’îlot Voyageur.

Des solutions devront ensuite être développées afin d’adapter le bâtiment aux conditions climatiques futures afin d’assurer une bonne gestion des eaux pluviales, le confort thermique de ses habitants et la résilience aux évènements météorologiques extrêmes, qui seront de plus en plus fréquents.

Les gouvernements fédéral et provincial doivent poursuivre le travail pour moderniser les variables de conception climatique dans les codes de construction et autres normes et guides de conception.

Il est primordial de mettre en place des mesures structurantes, poser des actions concrètes, et surtout faire appel à notre capacité d’innovation pour mieux concevoir, construire et réaliser des projets d’environnement bâti plus résilients et durables face aux changements climatiques, tout en assurant une réduction de leur empreinte environnementale.

Des actions rapides sont aussi nécessaires pour protéger nos bâtiments patrimoniaux. Les innovations récentes et celles en développement peuvent atténuer, prévenir et adapter ces bâtiments face aux effets climatiques.

Notre patrimoine bâti est une richesse pour notre société et sa sauvegarde devrait être une priorité. Nous avons tout le savoir-faire nécessaire pour y arriver.

Nos universités foisonnent d’experts qui œuvrent au quotidien pour développer les technologies et les pratiques qui nous permettront d’adapter l’environnement bâti à cette nouvelle réalité. Que ce soit par des technologies avancées, des matériaux résilients et circulaires ou des approches innovantes, nous contribuons à la protection des bâtiments et des actifs stratégiques malgré les défis climatiques en évolution constante.

Une plus grande collaboration entre les différents ordres de gouvernement, les entreprises et le monde de la recherche est non seulement incontournable, mais apportera des bénéfices économiques et sociaux.