Si on peut retenir une chose de la saga de l’entente de principe chez les enseignants, c’est bien que la « démocratie syndicale » est parfois un oxymore. Les statuts et procédures archaïques n’ont de « démocratie » que le nom et appartiennent à une époque révolue.

Tant dans le camp du « pour » que dans le camp du « contre », nombreux sont ceux qui ont manifesté leur profonde insatisfaction face à ce processus.

Maintenant que la poussière est retombée, il serait temps pour les enseignants d’entamer une refonte profonde des procédures.

Participer à la vie syndicale devrait être simple, transparent et accessible à tous, comme l’indique le Code du travail.

En écoutant les doléances de nos collègues, nous en sommes venus à la conclusion que certains principes directeurs devraient régir nos procédures syndicales.

De façon générale

  • Toutes les assemblées ou rencontres d’information devraient être accessibles par visioconférence.
  • Ces rencontres ne devraient jamais durer plus de deux heures, sauf pour des enjeux fédératifs importants comme un vote de grève ou une entente de principe, où la durée pourrait être exceptionnellement de trois heures.
  • On devrait tenir compte des horaires de travail des enseignants (jour, soir). Il devrait ainsi y avoir plus d’une rencontre (éducation des adultes, formation professionnelle, etc.).
  • La documentation complète devrait toujours être envoyée aux membres au moins quatre jours avant la tenue d’une rencontre syndicale ou dès leur disponibilité lorsqu’il s’agit d’enjeux fédératifs importants.

Séances d’information

  • Une plateforme en ligne, accessible à tous, où les représentants et conseillers syndicaux pourraient répondre aux questions des membres, devrait être disponible dans la période entre la diffusion des documents et la tenue d’un vote.
  • Des capsules informatives et des rencontres d’information facultatives en ligne devraient être proposées aux membres afin de clarifier certains enjeux. Ces capsules devraient être entièrement objectives et ne devraient pas influencer le membre dans son vote.

Discussion en plénière 

  • La répartition du temps d’une assemblée devrait être orientée majoritairement vers les questionnements et les demandes de précisions quant aux propositions abordées. Il reviendrait aux membres de prendre connaissance préalablement du contenu des propositions et de consulter les plateformes informatives avant la tenue de l’assemblée.
  • Les périodes de délibérations où des membres peuvent annoncer leur position face à une proposition devraient se limiter à une durée de 60 minutes lors des assemblées.
  • Les droits de réplique devraient être limités à une intervention par membre lors des assemblées afin d’éviter une prolongation abusive de la rencontre.

Vote

  • Immédiatement après l’assemblée, une plateforme de vote en ligne devrait être activée.
  • Cette plateforme devrait demeurer ouverte pour une durée de trois jours.
  • Après une assemblée, chaque membre (peu importe s’il a assisté à la réunion ou non) recevrait un code de connexion unique par courriel lui permettant d’aller inscrire son vote.
  • Cette plateforme devrait être indépendante du syndicat local ou de la fédération, qui ne recevrait que les résultats finaux une fois la période de vote terminée.
  • Dans le cas d’un vote fédératif, celui-ci devrait obligatoirement se tenir aux mêmes dates pour tous les syndicats affiliés et les résultats devraient être dévoilés simultanément.

Nous croyons sincèrement que, si les enseignants exigent des modifications aux statuts de leurs syndicats, tout le monde en sortira gagnant et nous aurons enfin une démocratie syndicale digne de ce nom, où chacun sentira que sa voix compte. Bien entendu, il revient aux enseignants eux-mêmes de travailler à moderniser leurs pratiques syndicales dès les prochaines semaines, faute de quoi l’immobilisme triomphera à nouveau.

*Cosignataires : Sylvain Bérubé, enseignant de Québec, FSE ; Sylvain Duclos, enseignant en Chaudière-Appalaches, FSE ; Luc Papineau, enseignant de la région de Lanaudière, FSE ; Jonathan St-Pierre, enseignant de l’Abitibi-Témiscamingue, FSE ; Michel Stringer, enseignant de la région métropolitaine, FAE

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