Si les valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) sont la cible de plusieurs contrecoups ces derniers temps, c’est avant tout en raison des formations contre-productives utilisées par bon nombre d’organisations et d’entreprises au nom de la vertu, croit l’auteure.

Contrairement à ce que laisse entendre la lettre « Après les progrès, les regrets ? Pas au Québec ! » 1 publiée dans La Presse, les critiques en matière d’EDI ne portent pas sur la pertinence d’avoir des environnements diversifiés, dont le bien-fondé est évident.

Si « on prétend que les efforts en matière d’EDI sont une perte de temps, de ressources et d’argent ou encore qu’ils sont illusoires », c’est que ces efforts sont trop souvent soutenus par de coûteuses formations dont l’inefficacité a maintes fois été démontrée à l’aide d’études scientifiques.

Même si certaines recherches sur le sujet indiquaient au départ que ces formations étaient efficaces – ces résultats étaient basés sur de simples sondages réalisés avant et après ces formations –, le portrait de la situation a radicalement changé une fois que des scientifiques se sont penchés sur les effets de ces formations sur le comportement.

Ils ont ainsi déterminé qu’elles ne réduisent pas les préjugés, ne favorisent pas une meilleure collaboration entre les groupes, n’aident pas à la rétention des employés issus des groupes minoritaires et ne minimisent pas les conflits sur le lieu de travail.

On observe également dans ces formations un traitement deux poids, deux mesures envers les membres des groupes majoritaires (généralement les hommes, les « Blancs » ou les hétérosexuels) qui sont défavorablement décrits par rapport aux membres des groupes minoritaires (les femmes, les minorités ethniques, les employés LGBTQ2S+).

Résultat ? De nombreux membres des groupes majoritaires sortent de ces formations en pensant que leur culture, leurs points de vue et leurs intérêts ne sont pas valorisés, ce qui nuit à leur moral et à leur productivité.

Un exemple de formation EDI qui dérape

En juillet dernier, l’affaire du Torontois Richard Bilkszto a fait les manchettes. Victime d’intimidation à la suite d’une fausse accusation de racisme, et sombrant par le fait même dans une dépression, cet ancien directeur d’école s’est donné la mort au cours de l’été 2023, miné par cette situation et par le poids d’un procès intenté contre sa commission scolaire.

Lors d’une formation antiraciste dispensée en 2021, son « crime » aura été de s’opposer à l’affirmation d’une consultante, Kike Ojo-Thompson, selon laquelle le Canada est un pays plus raciste que les États-Unis (!). Il n’en fallait pas plus pour que la déclaration de l’homme soit qualifiée de propos typiques du « suprémacisme blanc » par cette consultante.

Le comportement de cette dernière a d’ailleurs fait l’objet d’une enquête de la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail, qui a conclu que sa conduite était « abusive, grave et vexatoire, et qu’elle s’élevait au niveau du harcèlement et de l’intimidation sur le lieu de travail ».

Notons également que la firme fondée et dirigée par cette consultante, le Kojo Institute, a bénéficié d’un juteux contrat de 81 000 $ accordé sans appel d’offres par la commission scolaire de M. Bilkszto pour une poignée d’heures de formation, une information dévoilée récemment par le journaliste Jonathan Kay⁠2.

Si, pour certains, ce cas n’est qu’une anecdote, pour d’autres, qui voient les dérives en matière d’EDI se multiplier – offres d’emploi excluant les hommes « blancs » hétérosexuels, safe spaces pour groupes minoritaires sur le lieu de travail, cours de natation pour « Noirs » seulement, ateliers de sensibilisation au contenu subjectif, racialisation des rapports sociaux –, c’est plutôt un signal d’alarme de plus.

Au Québec, on se doit de redoubler de vigilance face à ces formations qui menacent nos valeurs et qui s’apparentent à des séances d’endoctrinement basées sur une approche idéologique.

Qui sait vraiment ce qui se dit dans ces ateliers élaborés et offerts – dans nos cégeps, nos universités, nos institutions publiques, les entreprises privées – sans le moindre encadrement ?

Aujourd’hui, faire preuve de courage en matière d’EDI, c’est remettre en question ces formations discutables et arbitraires. Notre engagement envers le vivre-ensemble ne peut faire l’économie d’une telle prise de conscience.

1. Lisez la lettre d’opinion « Équité, diversité et inclusion : après les progrès, les regrets ? Pas au Québec ! » 2. Lisez l’article « New Details in the Tragic Case of Toronto Educator Richard Bilkszto » (en anglais) Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue