L’auteur renchérit sur l’appel lancé par l’Union des artistes⁠1 et cosigné par les principaux syndicats de l’industrie culturelle québécoise.

Il est grand temps de revoir notre système, où notamment les fonctionnaires de la SODEC et de Téléfilm Canada ont trop de pouvoir, au détriment des cinéastes.

Comme le disait Jean-Claude Lauzon : « Les fonctionnaires à la culture gagnent leur vie avec le cinéma, mais pas moi. » Les cinéastes font les films, pas les fonctionnaires, pourtant ces derniers décident du sort des projets et des carrières au Québec. Pourquoi ?

Le film Les 12 travaux d’Imelda a généré 200 000 $ au box-office québécois sans soutien des institutions publiques, mais les créateurs n’en ont pas bénéficié. Ma demande d’aide à l’écriture pour la suite, Imelda contre-attaque, vient d’être rejetée par la SODEC et Téléfilm Canada, malgré le soutien des télédiffuseurs Crave et Radio-Canada ainsi que du distributeur Maison4tiers. Le manque de transparence et de réciprocité soulève ici de sérieuses questions.

Cette suite – qui aurait été produite au sein du système et des ententes collectives en vigueur – aurait aussi été une reconnaissance envers les 150 artistes, techniciens et entreprises de services québécois ayant contribué bénévolement aux 12 travaux d’Imelda.

Le modèle de production indépendante évolue, et Imelda contre-attaque est un exemple de film réalisable à petit budget avec un potentiel considérable pour le Québec.

Malgré les résultats significatifs des 12 travaux d’Imelda, comme sa sortie dans 29 salles partout au Québec et ses recettes de 200 000 $ au box-office – des chiffres que la majorité des productions financées par les institutions n’atteignent pas –, la SODEC et Téléfilm n’ont pas répondu favorablement à une modeste demande d’aide en écriture pour une suite. Ne devraient-elles pas plutôt récompenser de tels succès ?

Les institutions ont une responsabilité envers les contribuables, mais ignorer les demandes légitimes des créateurs et du public, comme en témoignent les lettres des diffuseurs et du distributeur incluses dans mon dossier, ne semble pas être la meilleure approche pour regagner leur confiance et continuer de justifier leur existence.

De l’argent en culture au Québec, oui, absolument, c’est fondamental, mais à condition que les artistes en bénéficient au bout du compte.

1. Lisez Enjeux de financement en culture : une question de bonne gouvernance