À chaque décennie, le Québec revit le même mélodrame quand vient le temps de revoir la carte électorale, mais cela pourrait être différent cette fois !

Chaque fois, avec raison, les élus soulignent les difficultés croissantes de servir les citoyens de régions étendues et peu densément peuplées, aux caractéristiques et réalités qui leur sont propres. Cette relation entre les élus et les citoyens est le rouage central de notre régime démocratique.

Également avec raison, le Directeur général des élections souligne les inégalités démographiques entre les différentes circonscriptions. L’égalité est une condition de la participation démocratique ; que vous soyez jeunes ou vieux, résidant d’une grande ville ou d’un milieu rural, votre voix a le même poids.

Ainsi, nous sommes régulièrement confrontés au choix de déshabiller Paul pour habiller Pierre ; de retirer une circonscription d’une région du Québec pour la transférer dans une autre. Mais il pourrait en être autrement.

Le DGEQ pourrait proposer un choix aux députés : revoir la répartition et les délimitations des circonscriptions ou augmenter le nombre de députés à l’Assemblée nationale.

Pour préserver l’intégrité de notre régime démocratique, il est absolument nécessaire de concilier l’égalité entre les citoyens et la capacité pour un député de servir ses électeurs. L’égalité requiert que le poids politique de chaque Québécois soit le même et donc, que le nombre de citoyens par circonscription soit le plus similaire possible. Cette égalité est l’assise de la démocratie. De l’autre côté, à quoi servent les députés s’ils ne peuvent pas servir leurs citoyens parce que les réalités sont trop diverses, les distances trop grandes ou communautés trop différentes ?

Moins absurde qu’on le croirait

Une solution existe pourtant : augmenter le nombre de députés à l’Assemblée nationale. Certains roulent des yeux devant une telle proposition, mais elle est au contraire loin d’être absurde. En effet, il n’y a eu aucun ajout de député à l’Assemblée nationale depuis plus de 30 ans, et ce bien que la population du Québec compte 2 millions d’habitants de plus. Si nous avions conservé les mêmes proportions qu’alors, nous aurions 35 députés supplémentaires aujourd’hui, pour un total de 160.

Dans le cadre de la révision de la carte électorale, il est nécessaire de permettre aux députés de faire un choix qui sert les Québécois et qui sert la démocratie. Le choix ne devrait pas se faire entre retirer un député d’une région pour le déplacer à une autre ou consacrer l’inégalité entre les Québécois en octroyant un statut exceptionnel à une circonscription.

Le choix qui devrait être présenté aux députés est le suivant : augmenter le nombre de députés ou répartir les sièges différemment entre les régions.

Il devrait être de la responsabilité du DGEQ de proposer ces deux alternatives aux députés qui effectueraient ainsi un choix qui préserverait les deux valeurs fondamentales de notre démocratie : l’égalité des citoyens et la capacité des députés de représenter leurs électeurs.

En sommes, les électeurs de Brome-Missisquoi, de Papineau et de Berthier, qui sont plus nombreux à se partager un même député, méritent d’être représentés à la hauteur des électeurs de Mégantic, de Les Plaines et de Viau, qui sont moins nombreux dans chaque circonscription.

Des modifications législatives seraient nécessaires pour revoir les processus de révision de la carte électorale. Il serait également bienvenu d’explorer, dans le cadre de cette révision, d’autres propositions telles que la création d’un commissaire aux institutions démocratiques qui, relevant de l’Assemblée nationale, aurait pour mandat de faire des recommandations pour améliorer notre démocratie et encourager la participation électorale. Notre démocratie et ses institutions sont une œuvre en évolution qui requiert une attention constante.

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