Les auteurs souhaitent répondre à la lettre « Nous, médecins du Québec, dénonçons la catastrophe humanitaire à Gaza », du Collectif de médecins du Québec en soutien à Gaza1.

Le 21 mars dernier, une lettre ouverte d’un collectif de médecins du Québec en soutien à Gaza a été diffusée dans La Presse ; il s’agissait en réalité d’un véritable pamphlet militant véhiculant une rhétorique mensongère et préférant verser dans une idéologie ambiguë au lieu d’énoncer des faits avérés.

Dans le contexte de cette prise de parole partisane exprimant un militantisme unidirectionnel, l’Association des médecins juifs du Québec (AMJQ), qui représente plus de 400 médecins actifs, étudiants en médecine et résidents en formation, veut s’insurger contre cette désinformation, exprimer sa position et rétablir les faits.

L’attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre dernier en Israël a suscité une véritable commotion dans le monde. Outre les près de 1200 personnes massacrées avec une cruauté et une barbarie inédite, quelque 250 otages ont été capturés avec une violence extrême et emmenés à Gaza, incluant des personnes âgées malades, des enfants et même des bébés.

Israël n’a pas voulu cette guerre, il ne l’a pas cherchée, elle lui a été imposée et l’a contraint à défendre son territoire et à protéger sa population. Mais la guerre est une chose monstrueuse, où qu’elle survienne et quelque population qu’elle touche.

C’est pourquoi le sort des Palestiniens de Gaza, de ces enfants, de ces populations dévastées, nous bouleverse au plus haut point. Autant que nous hantent les morts, les milliers de blessés, les centaines de milliers de déplacés et d’enfants tués ou orphelins en Israël.

Pour nous, médecins de l’AMJQ, une mère palestinienne qui a perdu son enfant constitue la même calamité que la mère israélienne qui pleure le sien. Notre compassion n’a pas deux poids deux mesures.

Nous attachons une importance capitale au serment d’Hippocrate, et nous croyons qu’honorer ce serment consisterait plutôt à adopter un discours équilibré, qui exprimerait la même compassion pour les deux camps, qui se soucierait de la sauvegarde des vies palestiniennes, certes, mais israéliennes aussi.

Honorer le serment d’Hippocrate consisterait aussi à condamner les actes immoraux perpétrés par les dirigeants du Hamas – dont le nom n’est pas même mentionné dans la déclaration de ces médecins –, contre leur propre population, ces Gazaouis pris en otage, affamés par leurs dirigeants, empêchés de fuir, laissés à eux-mêmes et utilisés sans scrupule comme boucliers humains. Et à exiger que le Hamas libère les otages.

Nous, de l’AMJQ, sommes des femmes et des hommes de paix. Nous sommes bouleversés, hantés par la catastrophe humanitaire qui sévit à Gaza, il ne saurait en être autrement, et nous appelons de toutes nos forces à une paix juste et durable dans la région. 

Cette déclaration publiée dans La Presse affirme que plus de 31 000 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début de cette guerre, sans préciser que ces chiffres émanent du Hamas, une organisation terroriste qui n’a aucune crédibilité et ne fait aucune différence entre les morts civils et les combattants. Les chiffres du Hamas ne sont aucunement vérifiés, ce qui n’empêche pas les signataires d’affirmer sans la moindre preuve que « 70 % des décès sont des femmes et des enfants ».

Ces signataires demandent également la « libération sécuritaire de tous les otages de part et d’autre », ce qui relève de la pure imposture : « de part et d’autre » signifierait qu’Israël détient également des otages, ce qui n’est pas le cas. Israël ne détient aucun otage. Les seuls véritables otages de ce conflit sont les quelque 250 civils israéliens capturés le matin du 7 octobre au festival Nova et dans leurs kibboutz, et dont seuls 120 ont été libérés. Il reste donc 132 otages à Gaza dans les tunnels du Hamas – hommes, femmes, enfants dont on ne connaît pas le sort – et 29 dépouilles non rendues aux familles. Ce sont les faits.

Cette lettre ouverte du collectif, outre le fait qu’elle exprime un humanisme à géométrie variable, diffuse impunément des informations erronées, sans souci de l’exactitude des faits, avec le résultat de désinformer les Québécois et de stigmatiser Israël. C’est pourquoi l’AMJQ veut prendre position aujourd’hui dans le débat qui agite notre milieu médical et rétablir les faits en proposant un discours équilibré et humaniste.

* Le conseil exécutif de l’Association des médecins juifs du Québec est composé de : Dre Guila Delouya (présidente AMJQ, radio-oncologue, Université de Montréal), Dr Lior Bibas (vice-président AMJQ, cardiologue et intensiviste, Université de Montréal), Dr Yves Benabu (Trésorier AMJQ, radiologue, Université de Montréal), Dre Jaclyn Madar (Secrétaire AMJQ, gynécologue et obstétricienne, Université McGill), Dr Jason Agulnik (conseiller AMJQ, pneumologue, Université McGill), Dr Michael Bensoussan (conseiller AMJQ, gastroentérologue, Université Sherbrooke), Dr Élie Haddad (conseiller AMJQ, immunologue pédiatrique, Université de Montréal), Dr Jacques Kadoch (conseiller AMJQ, gynécologue et obstétricien, Université de Montréal), Dr Corey Miller (conseiller AMJQ, gastroentérologue, Université McGill) et Dr Karl Weiss (conseiller AMJQ, infectiologue et microbiologiste, Université McGill).

Consultez la liste des cosignataires 1. Lisez la lettre « Nous, médecins du Québec, dénonçons la catastrophe humanitaire à Gaza » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue

Une version antérieure de cette lettre signalait que l'attaque terroriste du Hamas du 7 octobre dernier avait fait 1200 morts parmi les civils israéliens. Or, ce bilan concerne à la fois les civils, qui forment la majorité des victimes de cette attaque, et les membres des forces de sécurité israélienne.