Sous la pression d'une mobilisation croissante à travers le monde, les ministres se sont mis au travail dimanche à Copenhague pour tenter de parvenir à un accord climatique mondial lors du sommet des chefs d'État le 18 décembre.

À son arrivée dimanche dans la capitale danoise, le secrétaire-général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré «prudemment optimiste» sur l'issue des travaux.

«Nous devons attendre la fin de la conférence pour voir si (elle) veut réellement envoyer un message» sur le changement climatique, a-t-il déclaré à l'AFP. Il a toutefois estimé que la première semaine de travaux constituait «un bon début» et que la venue des ministres et chefs d'État était «une bonne indication qu'un message important doit être envoyé à chacun».

Dans les rues, la mobilisation continuait : dimanche matin, la police danoise a dispersé une manifestation anti-capitaliste de 200 personnes dans le centre-ville à l'appel du réseau Climate Justice action (CJA), et procédé à plusieurs dizaines d'interpellations, a constaté un journaliste de l'AFP.

Elle avait relâché dans la nuit la quasi totalité des quelque 1 000 personnes interpellées samedi, en marge d'un énorme défilé pour réclamer une action forte et juste contre le réchauffement : «Plus de bla, bla, bla... Agissez maintenant !»

L'objectif affiché des négociations est de limiter la hausse de la température moyenne à la surface de la terre à 2 degrés par rapport aux niveaux pré-industriels.

Certains pays directement menacés - petites îles en tête - réclament un objectif plus ambitieux de 1,5 degré. Mais la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, que ces objectifs impliquent, crée des tensions sur la répartition de l'effort.

Un texte de sept pages - qui laisse de nombreuses questions cruciales ouvertes mais qui met en relief les points difficiles à dénouer - est depuis vendredi sur la table. Il émane du groupe de travail mis en place il y a deux ans à Bali sous l'égide de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques, dirigé par le Maltais Michael Zammit Cutajar.

«Personne n'est d'accord avec le texte dans son ensemble mais la plupart des pays y trouvent quelque chose à leur goût et sont donc prêts à l'accepter comme une base de travail», résume Alden Meyer, directeur de l'Union of concerned scientists, un groupe de pression américain.

Pour Connie Hedegaard, présidente danoise de la conférence, qui réunissait dimanche 48 ministres de l'Environnement, l'avancée sur le texte au cours de la première semaine a été «fantastique».

«Les discussions sur le coeur (de l'accord) ont vraiment commencé», a-t-elle expliqué samedi soir, avant d'ajouter : «nous avons encore un travail colossal devant nous».

De fait, les points de désaccord sont nombreux. Les États-Unis, de retour au coeur de la diplomatie climat après huit années d'immobilisme sous la présidence Bush, jugent inacceptable la terminologie utilisée («pourraient» et non «doivent») concernant les réductions d'émissions de gaz à effet de serre des grands pays émergents. Ils ont réclamé, par la voix de Todd Stern, envoyé spécial sur le climat, une nouvelle formulation sur ce point.

«Les États-Unis ont une obsession : la Chine», souligne Alden Meyer, qui suggère des discussions bilatérales entre les deux principaux pollueurs de la planète pour éviter de prendre en otages les 191 pays représentés à Copenhague.

«Nous devons nous préparer à d'âpres échanges», estime Elliot Diringer, du Pew Center, un centre d'études américain. «Mais nous n'allons pas vers un fiasco», ajoute-t-il. «À ce jour, il apparaît que nous aurons plus, et non pas moins, que ce qu'on espérait».

Dimanche était aussi une journée de mobilisation des religions à l'appel de la campagne «350.org». Le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu devait participer à une célébration oecuménique dans le centre de Copenhague.

De nombreux rassemblements sont annoncés d'ici l'arrivée, pour certains dès mercredi, de plus de 110 chefs d'État.

La police a adressé un message direct aux éventuels fauteurs de trouble, en interpellant samedi 968 personnes. Quatre personnes (deux Danois, un Français et un Allemand) ont été inculpées de violences contre les policiers.

La coalition CJA pour la justice climatique a dénoncé des interpellations arbitraires, la police retenant plusieurs centaines de personnes dans la rue, samedi soir, «menottées et maintenues en position assise malgré le froid extrême».