La Ville de Montréal devra payer en tout 10,9 millions de dollars au consortium GÉNIeau pour l'annulation du contrat d'installation des compteurs d'eau.

Jeudi dernier, un arbitre a condamné la Ville à payer au consortium 7,8 millions de dollars, qui s'ajoutent à la pénalité de 3,1 millions déjà payée l'automne dernier pour rupture de contrat.

La Ville estime que la décision lui est favorable puisque GÉNIeau réclamait

33,8 millions.

Richard Deschamps, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, affirme que la somme de 7,8 millions correspond aux travaux qui ont été réalisés avant la résiliation du contrat, à l'automne 2009. «Ce n'est pas de l'argent perdu. Ces travaux ont été faits. En ce sens, c'est une nouvelle positive parce que ces 7,8 millions ne sont pas nécessairement perdus.»

L'opposition au conseil municipal n'est pas du même avis. «C'est du gaspillage pour payer la gaffe des compteurs d'eau et de l'administration Tremblay», dit Louise Harel, chef de Vision Montréal.

Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, estime pour sa part que la Ville ne pourra pas profiter des travaux qui ont été faits jusqu'à maintenant. «Les travaux ne sont d'aucune utilité. Les 7,8 millions paient la reconnaissance qu'il y a eu du temps de travail. C'est tout.»

M. Bergeron affirme que GÉNIeau a exagéré en demandant une compensation de près de 34 millions de dollars. «C'est quatre fois plus [que ce qui leur a été accordé]. Ça montre le sans-gêne de ces firmes de construction. Elles étaient habituées à se servir dans les coffres de la Ville de Montréal comme si c'était un droit depuis trop d'années. L'arbitre les ramène à l'ordre.»

Par ailleurs, à la demande de Projet Montréal, la Com­mission de l'accès à l'information dévoilera jeudi matin les détails de la réclamation de GÉNIeau.

Des irrégularités

Le contrat d'installation de compteurs d'eau, d'une valeur de 356 millions de dollars, a été accordé au consortium GÉNIeau en novembre 2007.

Deux ans plus tard, le vérificateur général de la Ville, Jacques Bergeron, a souligné dans un rapport certaines irrégularités dans l'attribution du contrat.

À la suite de la publication du rapport, deux hauts fonctionnaires de la Ville ont remis leur démission: le directeur général, Claude Léger, et le directeur principal du service des affaires générales, Robert Cassius de Linval.

Le maire a finalement annulé le contrat en décembre 2009. Après la résiliation, des médias ont révélé que Frank Zampino, qui était président du comité exécutif lorsque le contrat a été accordé, avait séjourné sur le yacht de Tony Accurso, un des trois entrepreneurs du consortium.