La fusée Mark Cavendish, déjà considéré comme l'un des meilleurs sprinteurs de l'histoire, a pris sa revanche mardi à Issoudun après les dures journées pyrénéennes, propulsée vers la ligne d'arrivée par les «lanceurs» surpuissants de son équipe Columbia.

La scène devient routinière sur le Tour: Cavendish gagne, freine, revient en arrière, et se jette dans les bras de ses équipiers à la manière d'un footballeur qui vient de marquer un but. Plus tard, devant la presse, «Cav» n'oublie jamais de remercier ses équipiers pour leur «fantastic job».

«Après avoir souffert dans les Pyrénées, il fallait gagner aujourd'hui, c'est pourquoi l'équipe a pris le contrôle de la course. Ça a fonctionné à 100%», a déclaré le Britannique après sa troisième victoire d'étape sur ce Tour 2009.

Le sprint parfait est illustré, à la Grande-Motte comme à Issoudun, par les images d'hélicoptère. Les équipiers du sprinteur, à l'approche de l'arrivée, se placent en file indienne devant lui. L'homme de tête, la locomotive, donne le maximum de sa puissance pendant quelques centaines de mètres. Lorsqu'il est épuisé, il s'efface et laisse la place au suivant.

Les derniers dans la file, avant Cavendish, sont généralement Michael Rogers (Aus), George Hincapie (USA), et surtout l'Australien Mark Renshaw. Renshaw, lui-même excellent sprinteur, «dépose» son leader le plus près possible de la ligne, lorsque tous les adversaires sont déjà battus. Cavendish n'a qu'à finir le travail.

«Renshaw est un coureur exceptionnel, qui combine les qualités athlétiques et le sens tactique», s'extasie Bob Stapleton, le manageur de Columbia, «Cavendish a une confiance totale en lui, il se concentre sur sa roue arrière et il fonce».

«Au niveau d'un Cipollini»

Cavendish, pour parfaire sa technique, bénéficie des conseils d'un ex-roi du sprint, Erik Zabel: «Renshaw, c'est la clé du succès de Cavendish», témoigne l'Allemand. «Depuis qu'il est chez Columbia, il est en train de devenir le numéro un mondial des lanceurs de sprint».

Thor Hushovd, le grand sprinteur norvégien battu à Issoudun, se rend à l'évidence: «Quand le train Columbia est lancé, c'est impossible de le doubler. Cavendish est très fort, mais avec l'équipe qu'il a, c'est vraiment dur de le battre actuellement».

Hushovd a terminé deuxième mardi, victime de la rébellion de Cavendish, qui avait dû lui céder le maillot vert à Barcelone, faute de pouvoir disputer un sprint au sommet de la montée de Montjuich.

Est-ce à dire que Cavendish, sans son «train», ne serait pas aussi dominateur? «Quand on a un sprinteur comme lui, c'est normal qu'on le protège et qu'on lui trouve les meilleurs équipiers possible, mais il est de toutes façons le meilleur», poursuit Zabel. «Il est en train de construire une légende, et il va progresser encore. En trois ans, il a démontré qu'il allait devenir l'un des plus grands sprinteurs de tous les temps».

Laurent Jalabert, ancien maillot vert du Tour, est d'accord avec son ancien adversaire: «Cavendish est dans la lignée des très grands, au niveau d'un Zabel ou d'un Cipollini. Regardez son palmarès: sept étapes du Tour, cinq du Giro, Milan-Sanremo, et il n'a que 24 ans».