La secrétaire d'État Hillary Clinton a appelé vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour condamner son attitude «profondément négative» envers Washington, employant des mots très durs envers le principal allié des États-Unis au Proche-Orient.

Mme Clinton, «irritée» d'un nouveau coup dur pour le processus de paix, a signifié à son interlocuteur que l'annonce de nouvelles constructions juives à Jérusalem-Est était «un signal profondément négatif quant à l'approche par Israël de la relation bilatérale».

Le ministère israélien de l'Intérieur avait annoncé cette semaine, en pleine visite de M. Biden, un projet de construction de 1 600 nouveaux logements dans un quartier juif ultra-orthodoxe de Jérusalem-Est, suscitant un vaste mouvement de réprobation, y compris à l'intérieur d'Israël.

La chef de la diplomatie américaine «a dit ne pas comprendre comment ceci avait pu se produire, en particulier sachant le grand intérêt des États-Unis pour la sécurité d'Israël», a rapporté son porte-parole, Philip Crowley.

La dureté du ton employé par Hillary Clinton est pratiquement sans précédent dans les relations entre Israël et les États-Unis. M. Biden avait déjà dit «condamner» l'initiative d'Israël, employant là encore un terme presque inédit entre les deux proches alliés.

En juin 1990, James Baker, secrétaire d'État du président George Bush père, agacé de l'intransigeance de Yitzhak Shamir, alors Premier ministre israélien, avait récité devant le Congrès américain le numéro du standard de la Maison Blanche, ajoutant à l'intention d'Israël: «Quand vous penserez sérieusement à la paix (avec les Palestiniens), donnez-nous un coup de fil!».

La tension, aujourd'hui encore, est liée au processus de paix laborieusement relancé par l'Amérique et qui menace déjà de caler. Mais le contexte israélo-américain est fort différent, commente sous couvert de l'anonymat un expert à Washington.

«A la différence de Bush et Baker à l'époque, Clinton et Biden sont de très proches amis d'Israël», explique cette source.

Mme Clinton est sincèrement «irritée», a confié un membre de son entourage.

Washington redoute que les négociations indirectes entre Israël et les Palestiniens, que les États-Unis ont travaillé à mettre sur pied depuis des mois, soient mort-nées du fait de cette annonce.

Alors que le président palestinien Mahmoud Abbas exclut désormais la poursuite de ce dialogue par États-Unis interposés sans une annulation des annonces israéliennes, Hillary Clinton a redit à M. Netanyahu que son initiative «affaiblissait la confiance dans le processus de paix» embourbé depuis 15 mois.

«Elle a dit très clairement que le gouvernement israélien devait montrer non seulement par des mots, mais aussi par des actes précis, qu'il était engagé envers la relation (avec les États-Unis) et le processus de paix», a insisté M. Crowley.

En tant que chef du gouvernement, M. Netanyahu «est responsable en dernier ressort des actes de ce gouvernement», a souligné Philip Crowley, prenant soin de souligner que Washington était mécontent du contenu de l'annonce, pas seulement de son moment.

Le Quartette pour le Proche-Orient (États-Unis, Russie, ONU, Union européenne) a, par ailleurs, condamné à son tour Israël pour la décision d'autoriser de nouvelles constructions.

«Le Quartette est convenu de surveiller de près les développements à Jérusalem et se réserve la possibilité de prendre toute mesure supplémentaire que la situation sur le terrain pourrait requérir», ajoute dans un communiqué le groupe, qui doit se réunir le 19 mars à Moscou en présence de Mme Clinton.