Vingt-cinq ans après l'accident, la centrale nucléaire de Tchernobyl reste entourée d'une zone d'exclusion d'un rayon de 30 km. Dans les régions avoisinantes d'Ukraine, de Biélorussie et de Russie, sept millions de personnes vivent encore sur des terres irradiées. Il faudra encore au moins 300 ans avant que ne disparaissent les traces de la catastrophe.

Q Quelle est la situation dans la zone d'exclusion?

R En 25 ans, les taux de radiation y ont fortement diminué. Il reste élevé à proximité du vieux sarcophage du quatrième réacteur, mais ailleurs, il est similaire à celui des grandes métropoles. Malgré l'interdiction officielle, 230 villageois, la plupart âgés, sont retournés habiter dans la zone. Quelque 6000 travailleurs s'affairent aussi au démantèlement des trois autres réacteurs de la centrale et à la construction d'un nouveau sarcophage.

Q Les radiations présentent-elles encore une menace?

R Selon Valéry Kachparov, directeur de l'Institut ukrainien de radiologie agricole, le danger pour les populations qui habitent la zone ne provient pas de l'air respiré, mais des aliments consommés. Certains produits comme le lait, la viande, les champignons et certains fruits sauvages sont particulièrement propices à emmagasiner le césium-137. À certains endroits, ils présentent des taux de radiation de 10 à 100 fois plus élevés que la norme, selon une étude récente de Greenpeace. Or selon le professeur Kachparov, il suffirait d'à peine 500 000$ par année pour fournir aux agriculteurs ukrainiens les moyens de produire des aliments non contaminés.

Q Quelles ont été les conséquences sur la santé de l'accident de Tchernobyl?

R En 1986, le gouvernement soviétique n'avait reconnu qu'une trentaine de morts liées directement à l'accident et 200 autres provoquées par de fortes doses de radiation. Pour les conséquences à long terme, les chiffres divergent. L'Agence de l'énergie atomique parle d'au plus quelques milliers de cancers alors que Greenpeace parle d'au moins 270 000 cancers, dont 93 000 cas mortels. Le professeur Kachparov rappelle toutefois que «les conséquences socio-économiques de l'accident ont été encore plus dures que celles radiologiques.» Quelque 350 000 personnes ont été relogées à la suite de la catastrophe. Plusieurs ont sombré dans l'alcool et la dépression.

Q Pourquoi un nouveau sarcophage sur le quatrième réacteur?

R Construit en vitesse dans les mois qui ont suivi l'accident, le sarcophage vieillissant menace de se fissurer. Il pourrait alors laisser échapper des poussières hautement radioactives. Après avoir été longtemps reportée, la construction du nouveau sarcophage de 108 mètres de hauteur pesant 20 000 tonnes devrait être achevée en 2015, pour une durée de vie d'un siècle. Malgré une conférence de donateurs qui a eu lieu cette semaine, il manque encore 250 millions de dollars pour boucler le budget de construction, évalué à quelque 2 milliards.