Les États-Unis en ont 11. L'Italie en a deux. La France, l'Inde, le Brésil, la Thaïlande en ont un. Et la Chine, bientôt, aura le sien. Le général en chef de l'Armée de libération du peuple vient de confirmer ce dont tout le monde se doutait: son premier porte-avions est en construction. Ce qui suscite l'inquiétude, notamment, des Américains. Quatre mots pour comprendre.

Symbole

Véritable base militaire flottante, un porte-avions est bien plus qu'une piste d'atterrissage. C'est l'équipement le plus prestigieux et le plus coûteux de l'arsenal militaire, et une flotte de navires, d'avions et de sous-marins est responsable de sa protection. Les 20 porte-avions en fonction en ce moment dans le monde appartiennent à 9 nations: États-Unis (11), Italie (2), Russie, France, Inde, Brésil, Royaume-Uni, Thaïlande, Pays-Bas (1 chacun). «Toutes les grandes puissances du monde, dont les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, en ont», aurait dit le lieutenant-général Qi Jianguo à un journal de Hong-Kong. «Le porte-avions est apparemment le symbole d'une grande nation.»

Mongols

Voguant en eaux internationales, le porte-avions et sa suite se déplacent librement pour se poster en zone stratégique. Une façon commode d'exporter sa puissance militaire, rappelle Rémi Landry, professeur associé à l'Université de Sherbrooke et ex-lieutenant-colonel. «On a comparé cette capacité d'exportation de puissance à ce que les Mongols ont été en mesure de faire, à cheval, dans toutes les steppes d'Asie centrale», dit-il. Une puissance qui intimide, dissuade, influence les forces en présence. Une puissance, en somme, qui compte.

Îles

«Les Chinois ont depuis longtemps une flotte de sous-marins qui s'approchent un peu trop du Japon et des Philippines, et qui dominent aussi toute la mer de Chine», dit Rémi Landry. La souveraineté de plusieurs îles de la mer de Chine, dont Taïwan, est contestée depuis des années. C'est d'abord dans cette région que patrouillera le porte-avions.

Menace

La Chine n'a pas indiqué quand son nouveau joujou - construit à partir d'un porte-avions ukrainien désuet acheté en 1998 - serait prêt à prendre la mer. Mais les États-Unis ne cachent pas leur inquiétude devant la montée en puissance de l'armée chinoise. Celle-ci a voulu se faire rassurante: le porte-avions aura une mission «défensive». Rémi Landry ne perçoit pas non plus cette acquisition comme une menace, même si certaines sources affirment que la Chine a aussi mis au point un chasseur-bombardier furtif. «Est-ce le signe d'une course à l'armement? Ou le signe d'une puissance qui prend la place qu'elle croit devoir occuper, sans nécessairement affronter les Américains, pour être en mesure d'exercer son influence dans la grande région de l'Asie et, ensuite, ailleurs?» La question reste ouverte.

Longueur: 300 mètres

Déplacement: 55 000 tonnes

Vitesse: 32 noeuds (59 km/h)

Équipage: 2500