(Erevan) L’Arménie a réclamé mercredi que les organisations humanitaires internationales aient accès à la région séparatiste du Nagorny Karabakh, dont l’Azerbaïdjan a fermé la veille le seul axe routier la reliant au territoire arménien.

Les habitants interrogés par l’AFP ont décrit des étals vides dans les magasins et un manque d’accès aux soins, craignant pour leur avenir.

« Les résidents sont en train de mourir, car ils n’ont pas accès aux services de santé », témoigne Metakse Iakobyan, un habitant de Stepanakert, la capitale du Nagorny Karabakh, âgé de 51 ans.

Lucine Gasparyan, 37 ans, a raconté que « les rayons des magasins sont vides ». « Nous ne pouvons acheter que du pain et je ne peux pas imaginer quelles seront nos conditions de vie à l’avenir », a-t-elle dit.

Selon Janna Krikorova, 61 ans, les gens commencent à manquer de nourriture. « Le plus effrayant, c’est de savoir ce que nous allons donner à nos enfants pour le petit-déjeuner », s’est-elle inquiétée.

Selon les autorités sanitaires locales, plus de 180 personnes dont deux enfants « gravement malades » doivent être transférés d’urgence vers l’Arménie pour être soignées.

Le médiateur des droits du Karabakh, Ghegham Stepanyan a décrit une situation qui « empire de jour en jour », évoquant un risque de « famine ». Il a appelé à une réaction « très forte » de la part de la communauté internationale.

Évoquant des actes de « contrebande » de la branche arménienne de la Croix-Rouge, Bakou a annoncé mardi la « suspension provisoire » du passage via le corridor de Latchine.

Mercredi, le ministère arménien des Affaires étrangères a estimé que cette mesure avait pour but de rendre la situation « invivable pour le peuple du Nagorny Karabakh ».

Depuis décembre déjà, l’Arménie accuse son voisin d’entraver l’approvisionnement de cette région sécessionniste peuplée d’Arméniens et d’y créer une crise humanitaire en bloquant le corridor.

« Il est regrettable qu’au cours de ces mois, la communauté internationale et les organisations humanitaires internationales n’aient pas été en mesure d’obtenir un accès au Nagorny Karabakh », a ajouté le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué, estimant qu’il est « crucial d’empêcher une catastrophe humanitaire » dans cette région.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a de son côté rejeté les accusations de contrebande formulées par l’Azerbaïdjan et assuré qu’aucune marchandise non autorisée n’avait été trouvée à l’intérieur de ses véhicules dans le corridor de Latchine.

L’Union européenne, quant à elle, a déclaré mercredi qu’elle soutenait « fermement le rôle crucial du CICR dans la région » et qu’elle réitérait « son appel à l’Azerbaïdjan à ce qu’il garantisse la libre circulation des personnes et des biens via le corridor de Latchine ».

Bakou avait d’abord affirmé que des militants écologistes azerbaïdjanais bloquaient la route pour dénoncer des mines illégales, puis, en avril, l’Azerbaïdjan a annoncé avoir installé pour des raisons « sécuritaires » un point de contrôle donnant sur le corridor de Latchine.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan se disputent le Nagorny Karabakh depuis plusieurs décennies et ont mené deux guerres pour son contrôle dont la dernière, en 2020, a vu la défaite des forces arméniennes.