(Port-Soudan) La police a expulsé mercredi des centaines de civils soudanais qui avaient trouvé refuge dans une école de l’État oriental de Gedaref, ont dit des témoins à l’AFP, alors que la guerre fait rage à Khartoum entre l’armée et les paramilitaires.

« La police est arrivée, nous a ordonné de quitter l’école conformément à une décision du gouverneur et a tiré des gaz lacrymogènes sur nous », a déclaré Hussein Gomaa, un déplacé de Khartoum.

Gedaref accueille actuellement 273 000 personnes déplacées par la guerre déclenchée en avril entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Une habitante de la région, Amal Hussein, a dit avoir vu « des voitures de police encercler » l’école et avoir entendu des cris.

« Nous sommes 770 personnes ayant fui la guerre à Khartoum et nous nous réfugiions dans cette école », a expliqué M. Gomaa après avoir fui le camp de fortune, où lui et des centaines d’autres « recevaient de l’aide ».

« Nous ne comprenons pas pourquoi nous avons été chassés », a-t-il dit. « Maintenant, avec des femmes et des enfants, nous n’avons plus d’abri et ne savons pas où aller. »

Selon l’ONU, des milliers de personnes sont logées dans des abris de fortune tels que des écoles, où il y a un manque de nourriture, d’eau potable et de soins de santé.

À peine deux heures après avoir été évacués de force mercredi, Suleimane Mohammed, qui vivait également dans l’école, a expliqué qu’ils avaient de nouveau été « évacués des dortoirs » de l’école de médecine de l’Université de Gedaref. « La police a affirmé que la décision avait été prise par le gouverneur ».

Après l’échec cette semaine de nouveaux pourparlers sur un cessez-le-feu parrainés par l’Arabie saoudite et les États-Unis, les affrontements ont continué mercredi, un comité local de volontaires évoquant une « intensification des affrontements » dans un quartier du nord de Khartoum.

Sur les 4,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur du Soudan, plus de 3 millions ont fui la violence dans la capitale, selon les chiffres de l’ONU.

Le pays fait face à une « crise humanitaire inimaginable », s’est alarmé mardi le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), soulignant que la grande majorité des hôpitaux étaient fermés et que des millions de personnes avaient un besoin urgent d’aide.

Dans la vaste région occidentale du Darfour, théâtre de certains des pires combats, les FSR ont dit avoir pris le contrôle de toutes les grandes villes.

Leur progression, accompagnée d’une coupure des communications, a suscité de nouvelles craintes de tueries de masse sur des bases ethniques.

Washington s’est ainsi dit préoccupé mercredi « par les combats extrêmes » dans certains endroits du pays, selon le porte-parole du département d’État Vedant Patel.  

« Les États-Unis condamnent fermement les meurtres sur des bases ethniques commis par RSF et ses milices alliées dans l’ouest du Darfour qui ont été rapportés », a-t-il ajouté.