La guerre en Ukraine et la situation du côté d’Israël et de Gaza ont fait couler beaucoup d’encre en 2023. Mais d’autres crises, souvent moins accessibles aux médias, continuent de sévir un peu partout. Retour sur sept régions.

Birmanie

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Des membres de l’Armée karenni, rebelles ennemis de la junte au pouvoir, patrouillent à Moe Bye, localité de l’État de Kayah, le 12 novembre.

Une guerre se déroule sur plusieurs fronts en Birmanie, à la suite du coup d’État du 1er février 2021. Depuis le 27 octobre dernier, la junte au pouvoir est ébranlée par de nouveaux combats non loin de la frontière chinoise. En un mois, quelque 335 000 personnes ont dû fuir leur demeure, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Elles s’ajoutent aux quelque 2 millions de déplacés internes comptabilisés depuis le coup d’État. La Birmanie n’a pas, non plus, été épargnée par les phénomènes météorologiques violents : le cyclone Mocha a tué au moins 145 personnes en mai. Des centaines de milliers d’autres ont subi des dégâts, principalement dans la communauté rohingya, victime de répressions.

Soudan

PHOTO ZOHRA BENSEMRA, ARCHIVES REUTERS

Des Soudanais qui fuient les combats au Darfour traversent la frontière séparant le Soudan du Tchad, à Adré, le 4 août.

La « pire crise de déplacements au monde » est en cours au Soudan, selon une haute responsable des Nations unies, qui s’est exprimée récemment devant le Conseil de sécurité. Plus de 7 millions de personnes ont fui les violences depuis le début des affrontements entre deux factions militaires à Khartoum, le 15 avril. Au moins 10 000 personnes sont mortes depuis, selon une estimation de l’ONG ACLED, mais le bilan pourrait être beaucoup plus lourd. Les civils de l’ethnie massalit, dans la région du Darfour, sont particulièrement visés par les Forces de soutien rapide, selon un rapport de Human Rights Watch. Ce rapport fait état de « meurtres ethniquement ciblés » qui présentent « les caractéristiques d’une campagne organisée d’atrocités ».

Afghanistan

PHOTO EBRAHIM NOROOZI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Un combattant taliban monte la garde alors que des femmes font la queue pour recevoir une aide alimentaire distribuée par une organisation humanitaire, à Kaboul, le 23 mai.

Depuis le retour au pouvoir des talibans, en août 2021, la situation s’est encore dégradée pour les droits des femmes et des filles. L’Afghanistan reste l’un des pays les plus pauvres au monde, après des années de guerre. La situation est d’autant plus complexe que le régime taliban est sous le coup de sanctions internationales. La sécheresse est venue accentuer la crise de la faim et des séismes ont tué plus de 2000 personnes en octobre dernier – dont plus de 90 % étaient des femmes et des enfants, selon l’ONU. Un grand nombre d’Afghans avaient fui vers le Pakistan voisin, mais le gouvernement pakistanais a donné un ultimatum aux 1,7 million d’Afghans en situation irrégulière : ils devaient quitter le territoire, sans quoi ils seraient expulsés vers leur pays d’origine.

Région du Darién

PHOTO FEDERICO RIOS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Des migrants descendent un escarpement boueux en traversant la région marécageuse du Darién, le 23 septembre.

La région du Darién, à la frontière entre le Panamá et la Colombie, est particulièrement dangereuse. Pourtant, environ un demi-million de personnes l’ont traversée l’an dernier dans l’espoir de gagner l’Amérique du Nord. En 2023, l’UNICEF a noté une hausse importante du nombre d’enfants traversant la jungle. Une situation « jamais vue », où 25 % des migrants sont des mineurs, précise l’organisme dans un rapport. Les migrants fuient les violences et l’instabilité dans leur pays d’origine, en Haïti, au Venezuela et en Équateur, notamment. Ils s’exposent aux agressions, aux vols et à la violence sexuelle des groupes criminels qui ont pris le contrôle du passage, selon un récent rapport de Human Rights Watch.

Yémen

PHOTO MOHAMMED HUWAIS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Un homme marche parmi les tombes de personnes tuées durant la guerre, dans un cimetière de Sanaa, le 12 avril. Le conflit au Yémen a fait plus de 350 000 victimes.

La situation humanitaire au Yémen est désastreuse et perdure depuis près d’une décennie, malgré un cessez-le-feu mis en place l’an dernier. Quelque 21,6 millions de personnes, soit les trois quarts des Yéménites, ont besoin d’aide humanitaire, selon les agences de l’ONU. En huit ans de guerre, plus de 350 000 personnes y sont mortes – en partie de faim. Si la situation est plus stable qu’auparavant, les experts s’inquiètent des ambitions hors frontières des rebelles houthis, un groupe bien armé que l’Iran est accusé de soutenir, et qui se battait dans la guerre contre les forces du gouvernement. Les houthis sont notamment accusés d’avoir lancé des attaques de drones et de missiles vers Israël, dernièrement.

Éthiopie

PHOTO AMANUEL SILESHI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Dans l’État de l’Amhara, les membres des Forces de défense nationale éthiopiennes sont depuis le mois d’avril confrontées à des milices locales.

Même si la guerre amorcée en 2020 entre les rebelles du Tigré et le gouvernement central d’Addis Abeba est officiellement terminée depuis un an, les Éthiopiens ne sont pas au bout de leurs peines. Des affrontements se poursuivent dans le pays de 120 millions d’habitants. Depuis le mois d’avril, l’État de l’Amhara, au deuxième rang des plus peuplés du pays, est secoué par des épisodes violents entre le gouvernement et des forces locales. Après une sécheresse extrême, qui a poussé des régions au bord de la famine, des pluies torrentielles se sont abattues sur le pays à l’automne. L’Éthiopie et sa voisine, la Somalie, ont été particulièrement touchées par les averses et les inondations – et par les maladies transportées par ces courants d’eau.

République démocratique du Congo (RDC)

PHOTO ALEXIS HUGUET, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des résidants du village de Bambo, situé à 60 km de Goma, fuient alors que les rebelles du M23 attaquent la capitale du Nord-Kivu.

Une recrudescence de la violence dans l’est du pays a forcé plus de 80 000 personnes à fuir leur domicile à l’automne, selon l’OCHA. Le conflit perdure dans la région depuis près de 30 ans. Une nouvelle flambée de violence a mis le Nord-Kivu en état de siège en mai 2021. Si un cessez-le-feu est en vigueur depuis mars, les combats ont repris en octobre. Les groupes progouvernement y affrontent le groupe rebelle Mouvement du 23 mars (M23), accusé par le gouvernement, mais aussi par des experts de l’ONU, d’être soutenu militairement par le Rwanda voisin. Les tensions restent vives entre les deux pays. L’ouest de la RDC a aussi été secoué par des violences communautaires.

Avec Le Monde, l’Agence France-Presse, Associated Press et The New York Times