(Paris) Le Japon, où un homme a été condamné jeudi à la mort par pendaison pour l’incendie d’un studio d’animation ayant tué 36 personnes, est l’un des rares pays industrialisés qui appliquent effectivement la peine de mort.  

Plus des deux tiers des pays ont aboli ce châtiment en droit ou en pratique, d’après l’ONG Amnistie internationale, qui a recensé 83 exécutions dans vingt pays en 2022.

Aux États-Unis, l’État de l’Alabama s’apprête jeudi à mettre à mort un condamné par inhalation d’azote, une première mondiale comparée par l’ONU à une forme de « torture ».

Majorité d’abolitionnistes

Au 31 décembre 2022, 112 pays avaient aboli la peine de mort officiellement par la loi, pour tous les crimes, et neuf uniquement pour les crimes de droit commun, selon le dernier rapport annuel d’Amnistie internationale, publié en mai 2023.  

Le Kazakhstan, la Papouasie–Nouvelle-Guinée, la Sierra Leone et la République centrafricaine l’ont abolie en 2022, de même que la Guinée équatoriale et la Zambie pour les crimes de droit commun.

En revanche, la Birmanie, qui avait été classée parmi les pays abolitionnistes de facto, a procédé en juillet 2022 à l’exécution de quatre opposants politiques pour la première fois en plus de trente ans.

Aux États-Unis, où la peine de mort a été abolie dans 23 États américains et fait l’objet d’un moratoire dans six autres, 24 exécutions, toutes par injection létale, ont eu lieu en 2023, d’après l’observatoire spécialisé Death Penalty Information Center (DPIC). Un nombre équivalent d’exécutions est prévu en 2024, dont la première, celle de Kenneth Smith, doit avoir lieu jeudi ou vendredi dans l’Alabama, par inhalation d’azote, une méthode inédite mondialement dénoncée par l’ONU.

La Biélorussie, ex-république soviétique alliée à la Russie, demeure le seul pays du continent européen à appliquer encore la peine de mort.

883 exécutions dans 20 pays en 2022

Décapitation, pendaison, exécution par balle ou encore injection létale sont les méthodes ayant été employées en 2022, année où le nombre d’exécutions dans le monde a grimpé de 53 % sur un an, le niveau le plus élevé depuis 2017, selon Amnistie internationale.  

L’ONG a recensé au total 883 exécutions dans vingt pays en 2022.

La Chine est de nouveau le pays ayant exécuté le plus grand nombre de personnes condamnées, mais la réalité de ce nombre – estimé à « plusieurs milliers » – est impossible à connaître, rappelle l’organisation, puisque ces données sont secrètes dans le pays, comme c’est le cas aussi en Corée du Nord et au Vietnam.

En dehors de la Chine, 93 % des exécutions recensées en 2022 ont eu lieu au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, selon Amnistie, qui dénonce la forte hausse du recours à la peine de mort dans des affaires liées aux stupéfiants (37 % du nombre total d’exécutions en 2022).

Avec 196 exécutions, l’Arabie saoudite a enregistré son plus haut niveau annuel depuis 30 ans. L’Iran a exécuté 12 des 13 femmes tuées en 2022. L’Égypte fait également partie des pays ayant exécuté le plus de prisonniers cette année-là.

Amnistie internationale souligne également qu’en 2022, les exécutions ont repris en Afghanistan, au Koweït, en Birmanie, en Palestine et à Singapour.

Plus de 2000 condamnations à mort

Comme en 2021, plus de 2000 condamnations à mort, au moins, ont été prononcées en 2022.

Cinq pays ont de nouveau prononcé des condamnations à mort après une interruption : Bahreïn, les Comores, la Corée du Sud, le Laos et le Niger.

À l’échelle mondiale, 28 282  personnes au moins se trouvaient sous le coup d’une sentence capitale à la fin de l’année 2022, a recensé Amnistie internationale.