(Paris) Les normes démocratiques ont baissé dans le monde en 2023 en raison de la propagation des guerres, des pratiques autoritaires et de la baisse du niveau de confiance dans les partis politiques traditionnels, pointe une étude du groupe The Economist Intelligence Unit (EIU) publiée jeudi.

Alors que deux pays supplémentaires, le Paraguay et la Papouasie Nouvelle-Guinée, sont rangés parmi les démocraties en 2023, la moyenne mondiale de l’indice est tombée à 5,23 sur 10, contre 5,29 l’année précédente, son niveau le plus bas depuis la publication de la première étude en 2006.

« Cette détérioration de l’état de la démocratie dans le monde est principalement due à des développements négatifs dans les pays non démocratiques, tels que la résurgence de conflits violents et de mesures autoritaires », note le rapport.

Parmi les 74 pays (sur 167 étudiés) considérés comme démocratiques, seuls 24, représentant à peine 7,8 % de la population mondiale, sont qualifiés de « démocraties complètes », soit des « pays dans lesquels non seulement les libertés politiques et civiles fondamentales sont respectées, mais qui tendent également à être soutenues par une culture politique propice à l’épanouissement des citoyens ».

Les cinquante autres, des États-Unis à Israël en passant par le Brésil ou la Thaïlande, appartiennent aux « démocraties défaillantes », où sont aussi organisées « des élections libres et équitables et, même s’il y a des problèmes (comme des atteintes à la liberté des médias), les libertés civiles fondamentales sont respectées », selon l’EIU.

Paraguay et Papouasie Nouvelle-Guinée ont intégré cette deuxième catégorie cette année.

Les autres pays sont divisés entre « régime hybride » et « régime autoritaire », selon un indice calculé à partir de cinq critères : processus électoraux et pluralisme, fonctionnement du gouvernement, participation politique, culture politique et libertés civiles.

Le Niger, avec 29 places de perdues (141e place), et le Gabon (-28, 146e), sont les deux pays ayant subi les plus fortes chutes du classement. Tous deux ont connu un coup d’État en 2023.

L’Europe occidentale est la seule région à améliorer son score, et « passe ainsi devant l’Amérique du Nord », qui ne figure pas à la tête du classement « pour la première fois depuis la création de l’indice en 2006 ».

De plus en plus de pays font face « à une baisse de confiance dans les principaux partis et dirigeants politiques », et succombent à des « “guerres culturelles” du genre de celles qui caractérisent depuis longtemps les États-Unis », analyse le rapport.

L’Europe occidentale serait quant à elle « minée par un faible niveau de confiance envers le gouvernement et polarisée autour de la question de l’immigration ».