(Adélaïde) L’Australie et la Grande-Bretagne ont affirmé vendredi que l’accord historique visant à développer les sous-marins à propulsion nucléaire AUKUS avec Washington allait « se concrétiser », malgré des craintes croissantes concernant les coûts, les capacités et un retour possible de Donald Trump.

« Les trois gouvernements concernés travaillent à un rythme soutenu pour y parvenir », a déclaré vendredi à la presse le ministre australien de la Défense, Richard Marles.

« Cela va se concrétiser et nous avons besoin que cela se concrétise », a-t-il ajouté.

Dans le cadre de la jeune alliance de défense Aukus, les trois alliés de longue date se sont engagés à renforcer conjointement leur puissance militaire afin de freiner l’expansion militaire chinoise dans la région Asie-Pacifique.

Les responsables de la défense ont dévoilé cette semaine des projets ambitieux visant à fournir à l’Australie des sous-marins à propulsion nucléaire, l’un des principaux piliers de l’accord.

Mais après plus de deux années d’existence, des signes indiquent déjà qu’Aukus et son principal projet pourraient être menacés.

Certains craignent que Donald Trump saborde le pacte s’il remporte l’élection présidentielle de novembre et qu’il revienne à sa politique étrangère « l’Amérique d’abord ».

Le chef de la diplomatie britannique David Cameron en visite en Australie, a souligné qu’une alliance « fantastique » comme Aukus et d’autres comme l’OTAN, qu’il a qualifiée d’« alliance militaire ayant eu le plus de succès de l’histoire », devaient être en bonne forme à l’échéance de la présidentielle américaine.

« Je pense que, quel que soit le président, la meilleure chose que nous puissions faire est de placer ces alliances et ces projets dans les meilleures conditions possibles afin que le nouveau président puisse voir qu’ils fonctionnent », a-t-il ajouté.

Le volet de l’accord sur les sous-marins à propulsion nucléaire est « un projet énorme, une entreprise gigantesque, mais absolument essentiel pour notre sécurité », a-t-il encore souligné, précisant qu’il avait « une confiance totale » dans la poursuite de l’accord.

« Une époque plus dangereuse »

Face à l’émergence de points chauds potentiels dans le monde entier et à l’attitude de plus en plus agressive de la Chine dans le détroit de Taïwan, Grant Shapps, ministre britannique de la Défense en visite en Australie, a insisté vendredi sur le fait qu’Aukus était plus importante que jamais.

Après des décennies de paix relative, M. Shapps a observé que la planète passait lentement d’une ère « d’après-guerre » à une ère « d’avant-guerre ».

« Nous vivons une époque plus dangereuse », a-t-il mis en avant lors d’une visite du chantier naval d’Osborne, en Australie-Méridionale.

L’Australie a annoncé jeudi nouer un partenariat avec le britannique BAE Systems pour la construction de sous-marins à propulsion nucléaire.

En 2021, Canberra avait provoqué une crise diplomatique majeure avec Paris en rompant sans avertissement un contrat de 55 milliards d’euros pour l’achat de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle à Naval Group.

L’Australie espère disposer de huit navires à propulsion nucléaire d’ici les années 2050, combinant cinq nouveaux sous-marins de la classe AUKUS construits dans le pays et au Royaume-Uni, et trois navires de la classe Virginia achetés aux États-Unis.

BAE Systems, poids lourd de l’industrie de la défense en Europe, a indiqué qu’il « progressait déjà bien dans la conception et le développement du sous-marin de prochaine génération ».

Le groupe a des liens étroits avec la marine britannique, pour laquelle elle est chargée de construire sous-marins à propulsion nucléaire de classe Astute et Dreadnought.

Les sous-marins à propulsion nucléaire offrent davantage de furtivité et surtout beaucoup plus d’autonomie que les sous-marins conventionnels.

Le projet Aukus visant à doter l’Australie de sous-marins à propulsion nucléaire pourrait coûter jusqu’à 240 milliards de dollars sur 30 ans.