Le capitaine d'un cargo battant pavillon américain est détenu en otage depuis hier, quand des pirates ont brièvement pris le contrôle de son navire, au large des côtes de la Somalie.

C'est la première fois depuis plus de 200 ans qu'un navire portant le drapeau des États-Unis est attaqué par des pirates.

Joint par téléphone satellite, l'un des responsables du navire, Ken Quinn, a indiqué à la chaîne CNN que l'otage se trouvait dans un canot de sauvetage en compagnie de quatre ravisseurs.

«Ils veulent une rançon en échange de notre commandant et nous essayons d'obtenir qu'il soit relâché», a-t-il dit.

La nouvelle a fait les manchettes partout au États-Unis, hier. Appelé à réagir, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs a dit que le président Barack Obama était régulièrement informé des développements. «Notre principal objectif à ce moment-ci est de nous assurer que l'équipage est sain et sauf», a dit M. Gibbs. Plusieurs navires de guerre américains sont en route vers la région.

Le porte-conteneurs baptisé Maersk Alabama transportait des vivres humanitaires vers l'Afrique quand des pirates sont montés à bord, avant l'aube hier matin pour prendre le contrôle du navire.

Quelques heures plus tard, l'équipage de 20 personnes a réussi à reprendre le dessus. Les assaillants ont pris la fuite dans un bateau et une chaloupe de secours, emmenant avec eux le capitaine Richard Phillips, toujours prisonnier.

Selon CNN, le capitaine Phillips a pu parler à son équipage par radio. Il a indiqué qu'il n'était pas blessé.

Le navire de 17 000 tonnes affrété par l'organisation World Food Program contient 4000 tonnes métriques de maïs destiné à l'Ouganda et à la Somalie, et 1000 tonnes métriques d'huile végétale à être distribuée aux réfugiés au Kenya. Navire danois, le Maersk Alabama est piloté par une équipe américaine.

Augmentation des attaques

Selon une compilation menée par les Nations unies, 111 attaques de pirates ont eu lieu l'an dernier dans la région située entre le canal de Suez et l'océan Indien. Cela représente une hausse de 200% par rapport à l'année précédente.

Depuis janvier, les pirates ont mené 66 attaques au large de la Somalie. Ils et détiennent toujours 260 otages et ont en leur possession 14 navires, selon le Bureau maritime international.

La Somalie est essentiellement une zone sans loi, dirigée par des clans armés. Le pays ne possède pas de gouvernement central, et pas de système bancaire.

Les pirates y mènent une vie de pacha, semblable à celles des chefs de gang dans les pays occidentaux, comme l'a récemment expliqué au Los Angeles Times un jeune pirate somalien nommé Salah Haji Bahdon.

«Il y a plusieurs années, nous vivions de la pêche, mais aujourd'hui nous avons beaucoup d'argent. Nous avons des voitures luxueuses, de grandes maisons, et tout ce dont nous avons besoin dans notre petit village.»