Les forces de sécurité ont été renforcées lundi dans les rues de Libreville où les trois favoris à la présidentielle pour succéder à feu Omar Bongo ont revendiqué la victoire, sans attendre les chiffres officiels du scrutin.

Des militaires et policiers en tenue antiémeutes étaient déployés aux points névralgiques de la capitale, s'ajoutant à la garde républicaine et aux militaires présents en permanence autour du Palais présidentiel, sur le Bord de mer et d'autres carrefours depuis la mort de Bongo, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Ca ressemble à un coup de force. Qu'est ce qui peut justifier que les forces de défense de sécurité puisque tout le monde, y compris la France, reconnaît que l'élection s'est déroulée dans de bonnes conditions ? Rien», s'est insurgé l'ancien ministre de l'Intérieur et candidat André Mba Obame.

La circulation à Libreville semblait bien moins importante que pendant un lundi habituel, beaucoup d'habitants et commerçants ayant choisi de ne pas travailler en raison de la tension autour de l'élection.

La veille, les Gabonais avaient voté en masse sans incident majeur malgré une certaine tension dans des quartiers populaires de la cité et des retards dans l'ouverture des bureaux de vote.

Aucun chiffre n'a été communiqué, ni par la Commission électorale autonome et permanente (Cénap), ni par le ministère de l'Intérieur, qui co-organisent les élections dans ce pays d'un million et demi d'habitants. Les résultats devraient être publiés mercredi entre 18H00 et minuit.

Sans attendre leur proclamation et les conclusions des quelque 300 observateurs nationaux et internationaux accrédités, la France s'est félicitée lundi du «bon déroulement du scrutin», de «la bonne participation», «en dépit de certaines difficultés techniques».

Quelques heures après la clôture du scrutin, l'opposant historique Pierre Mamboundou s'était présenté comme étant le vainqueur. Peu après, le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) proclamait son candidat Ali Bongo, fils du défunt président, «gagnant» de l'élection. Lundi, il s'est dit lui-même «largement gagnant», mais sans fournir de précisions.

Tous trois persistaient lundi soir.

Interrogé lundi sur le fait de savoir s'il avait repris le portefeuille de la Défense dont il avait été «déchargé» au début de la campagne, Ali Bongo a cependant entretenu le flou : «Demandez au premier ministre».

L'ex-ministre de l'Intérieur André Mba Obame affirmait aussi dimanche soir à l'AFP qu'il serait «proclamé président de la République» sur la foi de résultats recueillis par son équipe.

Lundi, Zacharie Myboto, un candidat qui figurait au début de la campagne parmi les favoris, s'est rallié à M. Mba Obame, pour lequel cinq présidentiables s'étaient désistés vendredi. «Nous sommes là pour défendre la légalité républicaine. (...) Il faut éviter un coup d'État électoral», a affirmé M. Myboto, qui a longtemps été un ennemi politique de M. Mba Obame.

Pendant la campagne, Ali Bongo, 50 ans, investi par le PDG, a pu profiter de la machine électorale fondée par son père. Officiellement, le PDG a remporté toutes les élections nationales depuis l'avènement du multipartisme en 1990.

De nombreux observateurs et candidats avaient affirmé craindre des troubles post-électoraux, comme 21 intellectuels qui avaient appelé samedi à l'apaisement.