Le président américain Barack Obama a annoncé lundi une diplomatie plus active envers le régime soudanais, renforçant à la fois les incitations et la menace de sanctions, en particulier au cas où se poursuivrait le «génocide» au Darfour.

«Si le gouvernement du Soudan agit pour améliorer la situation sur le terrain et faire avancer la paix, il y aura des incitations, s'il ne le fait pas, alors il y aura des pressions accrues imposées par les Etats-Unis et la communauté internationale», a dit M. Obama dans un communiqué.

Le président a réclamé avant tout «une fin définitive au conflit, aux violations des droits de l'homme et au génocide au Darfour», province de l'ouest du Soudan.

Le département d'Etat avait dévoilé quelques instant auparavant la nouvelle politique des Etats-Unis vis-à-vis du Soudan.

Les Etats-Unis vont désormais traiter le conflit du Darfour et celui entre le Nord et le Sud «simultanément et en tandem» car les deux contribuent à l'instabilité du Soudan, a indiqué la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

«Un Soudan instable ne met pas seulement en danger l'avenir de 40 millions de personnes dans ce pays. Il peut aussi propager la violence et l'instabilité dans une région déjà explosive», a justifié la chef de la diplomatie.

Khartoum a dit constater des «points positifs» dans la nouvelle politique des Etats-Unis, Ghazi Salaheddine, conseiller du président soudanais Omar el-Béchir, y voyant «une stratégie d'engagement et non pas d'isolement».

M. Salaheddine a toutefois qualifié de «malencontreuse» l'utilisation par Washington du mot «génocide» au sujet du Darfour.

L'administration Obama a promis de veiller à la mise en oeuvre de l'accord fragile signé en 2005 entre Khartoum et la rébellion au sud du pays, qui prévoit des élections en 2010 et un référendum d'autodétermination en 2011.

Au Darfour, Washington attend «la sécurité sur le terrain et un cessez-le-feu». Et dans le conflit Nord/Sud, il s'agira d'«achever les préparatifs des élections et de faire aboutir la négociation sur le tracé des frontières».

L'envoyé spécial américain pour le Soudan, Scott Gration, a jugé la nouvelle stratégie «intelligente, dure et équilibrée».

Le détail des mesures «incitatives» et «dissuasives» envers Khartoum est consigné dans une annexe confidentielle au texte stratégique publié lundi, selon des hauts responsables.

Autre aspect de la révision, Washington promet de peser auprès des autres pays, comme la Chine qui puise du pétrole au Soudan, pour «traduire la préoccupation internationale en véritable engagement international».

Les ONG ont accueilli la révision avec une satisfaction prudente.

Jerry Fowler, président de la Save Darfur Coalition, a appelé M. Obama à «un engagement personnel substantiel», lui demandant de faire du Soudan une priorité de son prochain voyage en Chine, en novembre.

Il a aussi demandé que la politique d'incitations ne soit mise en oeuvre qu'en cas de résultats concrets et durables.

«C'est très important» de faire de l'application de l'accord signé en 2005 entre Khartoum et la rébellion «une priorité», a indiqué à l'AFP Sam Bell, du Genocide Intervention Network, qui estime que la situation est «potentiellement très dangereuse sur le terrain».

«L'inconnue majeure, c'est le niveau d'énergie diplomatique qui sera injecté», a-t-il par ailleurs estimé. En d'autres termes, «est-ce une stratégie ou un morceau de papier?».

Depuis 2003, le conflit au Darfour a fait 300 000 morts selon l'ONU, et 10 000 selon le gouvernement soudanais.