Les candidats ont eu beau l'exhorter et la communauté internationale s'en inquiéter, la Côte d'Ivoire n'avait, hier soir, toujours pas de président. Le point sur ce scrutin sur lequel plane, depuis le début du processus, la crainte d'un dérapage.

Q Pourquoi les résultats n'ont-ils toujours pas été émis?

R Les résultats provisoires auraient dû être publiés hier, 72 heures après le second tour de la présidentielle qui s'est tenu dimanche. Mais à minuit hier, heure d'Abidjan, la Commission électorale indépendante (CEI) n'avait toujours pas livré ces résultats et n'a pas non plus fourni d'explications sur ce retard.

Q Comment se sont déroulés les scrutins?

R Selon Sidiki Kaba, porte-parole de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), joint hier par La Presse au Sénégal, les deux tours de scrutin se sont «à peu près bien passés», selon les observateurs sur place. «On peut donc donner les résultats provisoires tel que prévu», dit M. Kaba. Tant les membres ivoiriens de la FIDH que ceux des Nations unies et de l'Union africaine sont du même avis. Hier, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a réclamé par deux fois la publication avant minuit des résultats «conformément au calendrier convenu».

Q Qui sont les derniers candidats en lice?

R Le président sortant, Laurent Gbagbo, et l'ancien premier ministre Alassane Ouattara, sont les deux prétendants au poste de président. Hier, dans les médias partisans, chacun a annoncé la victoire du candidat de son clan.

Q Quelles sont les rumeurs de fraude dans le nord du pays?

R Le camp Gbagbo a réclamé l'annulation de votes «frauduleux» dans le Nord, tenu par l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) depuis le coup d'État manqué de septembre 2002. Mardi, au moment où le porte-parole de la CEI, Bamba Yacouba, allait annoncer les premiers résultats devant les caméras de télévision, deux membres de la CEI pro-Gbagbo lui avaient arraché des mains les feuilles de résultats de différentes régions, au motif que ces données n'avaient pas été validées selon les règles, ce que la CEI a contesté. Le camp Ouattara a accusé le président Gbagbo d'être «dans une logique de confiscation du pouvoir», en tentant d'«empêcher» l'annonce des résultats. Se disant «inquiet», l'opposant a exhorté son «frère Laurent Gbagbo» à respecter l'appel qu'ils avaient signé ensemble la veille du vote, et dans lequel ils s'engageaient à se plier au verdict des urnes.

Q Y a-t-il des craintes de violence?

R Le couvre-feu, qui devait être levé hier, a été prolongé jusqu'à dimanche. La capitale, Abidjan, était calme hier. Mais les craintes demeurent. Depuis 10 ans, la Côte d'Ivoire vit une crise politico-militaire, divisée entre le Sud loyaliste et les ex-rebelles dans le Nord et secouée par le coup d'État de 1999 et une tentative en 2002.

Avec l'AFP