(Mogadiscio) Au moins 210 civils ont été tués depuis le 6 février à Las Anod, au Somaliland, région séparatiste de Somalie où des affrontements ont éclaté entre milices loyalistes et forces indépendantistes, selon le maire de la ville.

« 210 civils ont été tués et 680 autres blessés » dans la ville disputée de Las Anod, a déclaré lors d’une conférence de presse Abdirahim Ali Ismaïl, affirmant que 200 000 personnes avaient fui les affrontements.

Un précédent bilan, donné le 23 février par le directeur d’un hôpital de la ville, faisait état de 96 morts.

Selon l’édile de Las Anod, « 750 maisons ont été détruites » et « toutes les installations gouvernementales ont été bombardées ».

Ancien territoire britannique, le Somaliland a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991, une proclamation non reconnue par la communauté internationale.  

Il imprime sa propre monnaie, délivre ses passeports et élit son gouvernement, bénéficiant malgré un certain isolement d’une relative stabilité alors que la Somalie a été ravagée par des décennies de guerre civile et de rébellion islamiste.  

Les tensions politiques sont cependant montées ces derniers mois, aboutissant à des combats entre les forces somalilandaises et des milices soutenant le gouvernement somalien, principalement dans la région de Las Anod, revendiquée à la fois par le Somaliland et une autre région somalienne voisine le Puntland.

Le contrôle de Las Anod, carrefour commercial important et convoité entre Somaliland et Puntland, a changé de mains plusieurs fois ces dernières décennies.

Les dernières violences ont débuté le 6 février, quelques heures après que des chefs coutumiers eurent publié une déclaration s’engageant à soutenir « l’unité et l’intégrité de la République fédérale de Somalie », exhortant les autorités du Somaliland à retirer leurs forces de la région.

Un cessez-le-feu a été décrété le 10 février par les autorités, mais les deux parties s’accusent mutuellement de l’avoir violé.

« Zone de guerre »

Le 28 février, un hôpital où intervient Médecins sans frontières (MSF) avait été visé « pour la quatrième fois en trois semaines », selon l’ONG.  

« Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est une situation désespérée où la souffrance humaine […] est immense », selon MSF.

« Las Anod est une zone de guerre maintenant et la plupart des civils ont fui la ville », a déclaré à l’AFP Hassan Sahal, épicier à Las Anod. « Il ne reste que quelques familles, si les combats continuent, je pense qu’il ne va rester que ceux qui s’affrontent », a-t-il poursuivi.

« La situation ne s’améliore pas jusqu’à présent », a déclaré de son côté Ahmed Warsame, un résident de Las Anod qui avait fui lors de la première semaine d’affrontements, revenu pour surveiller sa maison.

Les combats ont fait réagir la communauté internationale, le Qatar, la Turquie, les Émirats arabes unis, la Grande-Bretagne et les États-Unis appelant mardi dans un communiqué conjoint à la fin des violences.  

Les pays signataires « ont exprimé leur inquiétude face au conflit en cours […] et ont appelé toutes les parties à respecter le cessez-le-feu […] à permettre un accès humanitaire sans entrave et à s’engager dans un dialogue constructif et pacifique ».

Le 16 février, le Bureau local de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) avait déclaré que plus de 185 000 personnes, dont 89 % de femmes et d’enfants, avaient fui les violences de Las Anod.  

Beaucoup n’ont trouvé d’autre refuge que l’ombre d’un arbre ou des écoles qui ont fermé en raison des violences, ajoutait l’Ocha.  

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a appelé « les autorités à mener une enquête crédible et impartiale. »

Le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a affirmé le 17 février que « plus de 60 000 Somaliens, principalement des enfants et des femmes » avaient fui Las Anod pour gagner le sud-est de l’Éthiopie voisine.  

Ces réfugiés sont arrivés « exténués et traumatisés » dans la région somali d’Éthiopie, qui subit actuellement une sécheresse record.