(Khartoum) Les Nations unies ont appelé mardi le Soudan à lancer une enquête après qu’un homme a publiquement demandé une fatwa l’autorisant à assassiner l’émissaire de l’ONU au Soudan, Volker Perthes.

Depuis lundi, une vidéo circule sur les réseaux sociaux au Soudan montrant un homme s’en prenant violemment à M. Perthes durant une conférence réunissant des partis islamistes et d’autres liés au régime d’Omar el-Béchir, déchu en 2019 sous la pression de la rue et de l’armée.    

L’homme, se présentant comme « Abdelmoneim », y accuse M. Perthes d’avoir commis des « infractions » et « exclu » certaines factions des pourparlers visant à mettre fin à la crise qui secoue le pays depuis le coup d’État militaire d’octobre 2021.  

« Je demande une fatwa […] pour faire couler son sang », a ainsi déclaré cet homme durant la conférence, affirmant « être volontaire pour le faire ».

Mardi, la mission de l’ONU pour le Soudan s’est déclarée « profondément inquiète ».  

« Les appels à la haine et à la violence ne feront que creuser les divisions, mais ils n’empêcheront pas la mission de mener à bien ses activités », a déclaré l’ONU dans un communiqué appelant « les autorités soudanaises à lancer une enquête ».  

Tard mardi, les organisateurs de la conférence ont assuré que cette dernière avait été ouverte au public et que les propos tenus par l’homme ne les représentaient pas.

Dans un communiqué, ils ont toutefois critiqué le « rôle négatif » de l’ONU qui impose selon eux « une vision étrangère au peuple soudanais ».  

Les islamistes, partisans de la dictature islamomilitaire d’Omar el-Béchir, appellent régulièrement au départ du pays de l’émissaire de l’ONU.  

Depuis le coup d’État mené par le général Abdel Fattah al-Burhane qui a stoppé la transition démocratique, le Soudan, l’un des pays les plus pauvres au monde, ne cesse de s’enfoncer dans la crise politique et économique.

L’ONU facilite depuis décembre des pourparlers entre différentes factions afin de permettre la signature d’un accord-cadre prévoyant un retour au partage du pouvoir entre civils et militaires.   

Toutefois, la signature de cet accord, prévue en avril, a déjà été repoussée faute de compromis entre militaires et paramilitaires sur la réforme des forces de sécurité.