(Rabat) Des journalistes et des défenseurs des droits incarcérés au Maroc sont « privés du droit de lire et d’écrire », a accusé l’ONG Amnistie internationale, les autorités marocaines assurant jeudi qu’il s’agit en réalité de prisonniers de droit commun.

Des « journalistes et un universitaire sont privés du droit de lire et d’écrire dans les prisons marocaines », a indiqué l’ONG, dans un communiqué publié mercredi, dénonçant « une atteinte délibérée à leur liberté d’expression ».

Il s’agit des journalistes Soulaimane Raissouni, Omar Radi et Taoufik Bouachrine, condamnés respectivement à cinq, six et quinze ans de prison dans des affaires d’agressions sexuelles.

Mais également l’ex-bâtonnier Mohamed Ziane, qui purge une peine de 3 ans de prison notamment pour « harcèlement sexuel » et « adultère », et le défenseur des droits de la personne Rida Benotmane, condamné à 18 mois de prison pour des publications critiques sur Facebook.  

Des accusations qu’ils ont toujours niées.

Dans un rapport publié en juillet 2022 l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait dénoncé des « techniques de répression », dont des procès de droit commun ciblant des opposants et « souvent entachés de graves violations du droit à une procédure régulière et équitable ».    

Amnistie, citant leurs proches, a affirmé que les détenus ont vu leurs manuscrits « confisqués » ou ont été « privés » du droit d’écrire.   

L’administration pénitentiaire a démenti jeudi que M. Radi soit empêché d’écrire, affirmant qu’il « dispose de stylos et papiers » ainsi que « des livres, journaux et magazines », sans évoquer les autres cas.  

Dans son communiqué, l’ONG internationale a réitéré son appel à libérer les journalistes et les universitaires incarcérés.

Mais pour les autorités marocaines, ils ont été condamnés dans des affaires qui « n’ont rien à voir » avec la liberté d’expression.

Le Maroc a glissé à la 144e place (-9) dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié mercredi par Reporters sans frontières (RSF) pour l’année 2023.

Réagissant à ce classement, le porte-parole du gouvernement marocain Mustapha Baitas a affirmé jeudi que RSF était « connue pour son hostilité systématique envers le Maroc », ajoutant que « le gouvernement marocain accepte à cœur ouvert toutes les critiques à condition qu’elles soient objectives et constructives ».