(Khartoum) Les camps des deux généraux en guerre au Soudan ont accepté une trêve de 72 heures à partir de dimanche, selon les médiateurs saoudiens et américains, alors que les combats se sont intensifiés samedi à Khartoum, faisant des morts parmi les civils.

« Le Royaume d’Arabie saoudite et les États-Unis annoncent l’accord des représentants des Forces armées soudanaises et des Forces de soutien rapide (FSR) pour un cessez-le-feu dans tout le Soudan pour une période de 72 heures à partir de dimanche », a indiqué un communiqué du ministère saoudien des Affaires étrangères.

Il s’agit d’une énième trêve, après de nombreuses autres qui n’ont quasiment pas été respectées.  

Le cessez-le-feu doit entrer en vigueur dimanche à 6 h locales (0 h, heure de l’Est), selon la même source.

Outre l’arrêt de tout mouvement et d’attaque, les deux camps ont convenu d’autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire dans tout le Soudan, selon le communiqué.  

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Des habitants de Khartoum se préparaient vendredi de la nourriture pendant que les frappes aériennes s’intensifiaient sur la ville.

L’annonce du cessez-le-feu intervient alors que les combats font rage à Khartoum où des frappes aériennes et des explosions ont fait des morts parmi les civils.

Les combats opposant l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux paramilitaires des FSR, dirigés par le général Mohamed Hamdane Daglo, ont plongé ce pays d’Afrique de l’Est, l’un des plus pauvres au monde, dans une crise inextricable.

Selon des témoins à Khartoum, les frappes aériennes se sont intensifiées ces deux derniers jours.

Médiation « par les balles »

Les FSR, qui accusent l’armée de cibler spécifiquement des quartiers résidentiels, ont affirmé avoir abattu samedi un avion de chasse de l’armée. Sur une vidéo partagée par les paramilitaires sur Twitter samedi, on peut voir des maisons en briques détruites et des couvertures qui recouvrent ce qui semble être des cadavres.

« Les balles feront office de médiation » entre l’armée et les paramilitaires, a déclaré le général Yasser Atta, adjoint du chef de l’armée, dans une vidéo publiée vendredi.

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Un important panache de fumée était visible samedi des airs dans un quartier de Khartoum

Malgré des tentatives de médiation menées notamment par Riyad et Washington, aucun scénario de retour à la paix n’est en vue.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a prévenu samedi dans son communiqué que « dans le cas où les parties ne respecteraient pas le cessez-le-feu de 72 heures, les facilitateurs seront contraints d’envisager de reporter les pourparlers de Jeddah » en Arabie saoudite où se sont tenues des négociations entre camps rivaux depuis plusieurs semaines.  

Des tirs avec « divers types d’armes » ont également été signalés par des habitants du sud de Khartoum, tandis que dans la banlieue nord résonnent des « tirs de roquettes et d’artillerie lourde », ont affirmé des témoins à l’AFP.  

Dans ce chaos, des quartiers entiers de la capitale sont privés d’eau potable et l’électricité ne fonctionne que quelques heures par semaine.

Des bombardements d’artillerie lourde ont par ailleurs visé Khartoum Nord (Bahri) et des combats se sont produits dans la région d’Al-Shajara (sud) près d’une base militaire, ont rapporté des témoins.

La situation est tout aussi alarmante dans la région du Darfour, où « la violence fait rage », a alerté samedi l’ONG Médecins sans frontières (MSF).

Les témoignages sur des violences de grande ampleur contre les civils s’y multiplient, et selon l’ONU, plus de 149 000 personnes ont fui vers le Tchad depuis le début des combats le 15 avril.

Rien que ces derniers jours, « 6000 personnes ont fui la ville d’El-Geneina » (Darfour-Ouest), pour trouver refuge dans la ville d’Adré au Tchad, a indiqué MSF samedi.

« La situation est franchement accablante », affirme le Dr Seybou Diarra, coordinateur de MSF pour la région d’Adré.