(Nations unies) Les États-Unis ont accusé mercredi le Soudan d’avoir « menacé » les Nations unies de les expulser de ce pays en guerre si le représentant de l’ONU, dans le collimateur de Khartoum, s’exprimait devant le Conseil de sécurité sur les atrocités du conflit.

Lors d’une séance consacrée au Soudan et au Soudan du Sud, l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield, dont le pays préside en août le Conseil, a déploré l’absence de Volker Perthes, chef de la mission intégrée des Nations unies pour l’assistance à la transition au Soudan (Minuats).

« Nous comprenons à présent : le gouvernement soudanais a averti que si le représentant spécial du secrétaire général participait à cette réunion, cela mettrait un terme à la mission de l’ONU au Soudan », a accusé la diplomate américaine face à son homologue soudanais Al-Harith Idriss Al-Harith Mohamed.

« Et c’est inacceptable ! », s’est insurgée Mme Thomas-Greenfield.

L’ambassadeur soudanais a, lui, vivement nié : « La mission soudanaise [auprès de l’ONU] n’a pas envoyé de lettre menaçant de boycotter la session du Conseil de sécurité ».

Mais Mme Thomas-Greenfield a répété ses accusations devant la presse au siège de l’ONU.

« On nous avait dit hier que Volker [Perthes] s’exprimerait devant le Conseil. Ce matin son nom a été retiré. Et nous avons compris que le gouvernement soudanais avait menacé de faire partir du Soudan la Minuats, s’il parlait devant le Conseil », a relaté la diplomate en dénonçant un acte « scandaleux » contre l’ONU.

De fait, c’est l’assistante du secrétaire général chargée de l’Afrique, Martha Ama Pobee, qui a lu un compte-rendu sur le « conflit au Soudan, [qui] a toujours d’immenses répercussions sur le pays et sa population, confrontée à des souffrances inimaginables ».

Elle a fustigé des « violences sexuelles à grande échelle et des enfants tués, victimes ou enrôlés pour combattre ».

La guerre au Soudan entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, déclenchée le 15 avril, a fait environ 4000 morts selon l’ONG Acled – un bilan sous-estimé – et près de quatre millions de déplacés et réfugiés.

En juin, M. Perthes avait dénoncé de possibles « crimes contre l’humanité » au Darfour et Khartoum l’avait déclaré persona non grata, l’accusant d’être partial.  

« Il continue d’être le représentant spécial du secrétaire général » Antonio Guterres, a défendu mercredi son porte-parole Farhan Haq, sans toutefois confirmer les accusations des États-Unis.