(Abuja) La CEDEAO a assuré vendredi aux auteurs du coup d’État au Niger qu’il n’était « pas trop tard » pour reconsidérer leur position, mais que l’option d’un recours à la force restait « sur la table ».

Les généraux qui ont chassé le président Mohamed Bazoum au cours de la rébellion du 26 juillet ont demandé une période de transition de trois ans avant un retour des civils au pouvoir, tandis que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) exige un rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel.

La CEDEAO affirme que les négociations restent sa priorité, tandis que les chefs militaires des pays de l’organisation se préparent en vue d’un éventuel « usage légitime de la force » pour rétablir la démocratie en cas de besoin.

Le régime militaire a donné vendredi 48 heures à l’ambassadeur de France au Niger pour quitter le pays, a annoncé le ministère nigérien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Face « au refus de l’ambassadeur de France à Niamey de répondre à l’invitation » du ministère « pour un entretien » vendredi « et d’autres agissements du gouvernement français contraires aux intérêts du Niger », les autorités « ont décidé de retirer leur agrément à M. Sylvain Itte et de lui demander de quitter le territoire nigérien sous quarante-huit heures », indique le communiqué.

Le coup d’État au Niger a accru les tensions au Sahel, où trois autres gouvernements civils ont été renversés par des militaires depuis 2020 et où des mouvements rebelles djihadistes contrôlent des régions entières.

« Même maintenant, il n’est pas trop tard pour que les militaires reconsidèrent leur action et écoutent la voix de la raison car les dirigeants de la région ne toléreront pas un coup d’État », a déclaré à la presse à Abuja Omar Alieu Touray, président de la commission de la CEDEAO.  

Les dirigeants de l’organisation négocient déjà avec les juntes du Mali, du Burkina Faso et de Guinée, qui assurent toutes être engagées dans des transitions vers la démocratie après leurs propres coups d’État.

Les dirigeants militaires du Niger ont déclaré qu’ils restaient ouverts aux négociations mais ont envoyé des messages contradictoires, notamment en menaçant de juger le président renversé Mohamed Bazoum pour trahison.

PHOTO SAM MEDNICK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le président renversé Mohamed Bazoum

M. Bazoum est toujours détenu avec sa famille dans la résidence officielle depuis le coup d’État.

Les militaires au pouvoir à Niamey ont également mis en garde contre toute intervention, accusant la CEDEAO de préparer une force d’occupation en collaboration avec un pays étranger, qu’ils n’ont pas nommé.

La CEDEAO est déjà intervenue militairement à l’occasion de crises antérieures, y compris pendant des guerres civiles.  

Mais les préparatifs en vue d’un éventuel recours à la force militaire au Niger se heurtent déjà à la résistance politique du nord du Nigeria, un acteur clef de la CEDEAO dans la région.  

L’Algérie, un pays voisin du Niger, a également mis en garde contre les conséquences désastreuses d’une intervention pour la région.