(Douzrou) Les espoirs de retrouver des survivants se sont dissipés mardi au Maroc quatre jours après un séisme dévastateur dans la région de Marrakech, où le roi Mohammed VI a rendu visite à des blessés.

Ce qu’il faut savoir

  • Le séisme qui a frappé la région du sud-ouest du Maroc a fait plus de 2900 morts ;
  • Le séisme a atteint une magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à n’avoir jamais été mesuré au Maroc ;
  • Le Maroc a accepté l’aide de quatre pays dans la recherche et le sauvetage : l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Émirats arabes unis.

Le tremblement de terre, qui a frappé vendredi soir une région au sud-ouest de la ville touristique de Marrakech (centre), a fait 2901 morts et 5530 blessés, selon un dernier bilan officiel.

La Croix-Rouge a lancé un appel de fonds d’environ 100 millions d’euros afin de soutenir les opérations de secours, après avoir débloqué un million de francs suisses de son Fonds d’urgence pour appuyer les activités du Croissant-Rouge marocain sur le terrain.

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Le roi Mohammed VI s’est rendu mardi au centre hospitalier universitaire de Marrakech, avant de faire un don de sang, a indiqué l’agence officielle MAP.

Il « a visité le service de réanimation et celui d’hospitalisation des victimes du séisme » pour s’informer de l’état de santé des blessés ainsi que des soins qui leur sont prodigués, a ajouté l’agence.

Volontaires et secouristes marocains, appuyés par des équipes étrangères, tentent d’accélérer les recherches pour retrouver d’éventuels survivants et fournir des abris à des centaines de familles qui ont perdu leurs maisons dans le tremblement de terre qui a détruit des villages entiers.  

Mais dans certaines zones isolées, les habitants affirment être livrés à eux-mêmes.

Au village Douzrou, situé à 80 km au sud-ouest de Marrakech et soufflé par le séisme, l’inquiétude se lit sur les visages des survivants, qui ont improvisé des abris de fortune.  

PHOTO FETHI BELAID, AGENCE FRANCE-PRESSE

À Tikht, un petit village dévasté par la secousse, un minaret et une poignée de maisons en argile non peintes tiennent debout au milieu d’un paysage apocalyptique.

Une centaine de personnes sont mortes dans cette bourgade plantée au début des chaînes montagneuses du Haut-Atlas, selon des habitants.

« Il est important qu’on nous prenne en charge, on ne peut pas survivre longtemps dans la nature. Les conditions climatiques sont très rudes. On craint le pire avec l’hiver qui arrive », s’inquiète Ismaïl Oubella, 36 ans, qui a perdu trois enfants (3, 6 et 8 ans), sa femme enceinte et sa mère.

« Peur des pluies »

« On veut être relogés au plus vite, on a tout perdu même notre bétail. Les morts, on les a sortis nous-mêmes » des décombres, s’alarme Hossine Benhammou, 61 ans. Neuf membres de sa famille dont sa fille et deux petites-filles ont péri.

Une équipe de 20 secouristes de la United Kingdom International Search and Rescue Team (UK-ISAR) est arrivée sur place.  

« Les habitants ont géré la situation, mais on va déployer des chiens » pour voir s’il y a des gens sous les décombres, a déclaré à l’AFP Steve Willitt, le chef d’équipe.

PHOTO UNITÉ D’URGENCE MILITAIRE ESPAGNOLE, FOURNIE À REUTERS

Dimanche soir, le Maroc a annoncé avoir accepté les offres de quatre pays d’envoyer des équipes de recherche et sauvetage : l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Émirats arabes unis.

« On a peur des pluies qui risquent de couper la route non goudronnée menant vers notre village. On risque de mourir de faim », confie un habitant Lahcen Ouhmane, 68 ans.

Dans la localité d’Amizmiz, à environ une heure de là, des dizaines de survivants sont entassés autour d’un semi-remorque, attendant de l’aide alimentaire distribuée par des bénévoles.

« Ce n’est pas le gouvernement qui aide, c’est le peuple », lance Abdelilah Tiba, 28 ans, un volontaire.  

« Qu’allons-nous faire lorsque les gens cesseront de nous aider ? » s’inquiète Fatima Benhamoud, 39 ans.

D’après l’UNICEF, environ 100 000 enfants ont été affectés par le tremblement de terre au Maroc, où ils représentent près d’un tiers de la population. L’organisation de l’ONU a indiqué avoir « mobilisé du personnel humanitaire pour soutenir la réponse immédiate sur le terrain ».

PHOTO NACHO DOCE, REUTERS

Dans plusieurs localités, des membres des forces de sécurité continuent d’aider à creuser des tombes pour les victimes, alors que d’autres installent des tentes jaunes pour les sinistrés.

Hôpitaux de campagne

Le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a assuré lundi que « les citoyens qui ont perdu leur logement recevront des indemnités ».  

Selon lui, des solutions sont actuellement à l’étude pour les sans-abri.

Les villages les plus proches de l’épicentre du séisme restent toujours inaccessibles en raison d’éboulements.  

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Graphique sur les séismes les plus meurtriers dans le monde, selon un comptage exhaustif de l’AFP depuis 1993.

Dans certains, enclavés, les hélicoptères font des allers-retours pour acheminer des vivres, selon des journalistes de l’AFP.

L’armée marocaine a installé des hôpitaux de campagne pour soigner les blessés dans les zones enclavées, comme dans le village d’Asni, dans la province sinistrée d’Al-Haouz, à un peu plus d’une heure de Marrakech.

Le séisme a atteint une magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon l’Institut de géophysique américain, USGS). Il est le plus puissant à n’avoir jamais été mesuré au Maroc.

Le séisme est aussi le plus meurtrier dans le royaume depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest, le 29 février 1960 : de 12 000 à 15 000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, y avaient péri.