(Washington) Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est alarmé jeudi d’informations sur une « attaque imminente et de grande ampleur » des paramilitaires soudanais à El-Facher, chef-lieu du Darfour-Nord.

« Les États-Unis sont profondément inquiets des informations sur une attaque imminente et de grande ampleur des Forces de soutien rapide (FSR) du Soudan à El-Facher, dans le Darfour-Nord, qui exposerait des civils, y compris des centaines de milliers de personnes déplacées […], à un danger extrême », a dit M. Blinken dans un communiqué.

« Les États-Unis appellent les parties en guerre à cesser immédiatement toute nouvelle attaque à El-Facher et dans ses environs afin de respecter leurs obligations en matière de droit international humanitaire concernant les civils », a-t-il ajouté.

Washington n’a pas identifié la source des informations citées, mais le ton de son communiqué est inhabituellement fort, émanant du secrétaire d’État lui-même.

La guerre entre les forces régulières fidèles au chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhane et les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 9000 morts depuis avril – selon un bilan très sous-évalué de l’ONU – et déplacé plus de 5,6 millions de personnes.

Des représentants des deux généraux se sont rendus la semaine dernière en Arabie saoudite, où ils ont repris les négociations, sous l’égide de Washington et de Riyad.

Les tentatives de médiation précédentes n’ont abouti qu’à de brèves trêves, et même celles-ci ont été systématiquement violées.

« À un moment où tant d’espoir réside dans les discussions de Jeddah pour parvenir à un cessez-le-feu durable et faciliter l’accès humanitaire, j’appelle toutes les parties à s’abstenir d’aggraver et d’élargir le conflit », a plaidé l’adjointe du représentant de l’ONU au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami.

Jeudi, alors que les négociations se poursuivaient, un témoin a rapporté à l’AFP qu’une base de l’armée était la cible de drones à El-Facher.

Les FSR entendent régner en maître au Darfour, où l’ONU soupçonne un possible nouveau « génocide » après celui mené au début des années 2000 par leur ancêtre, les Janjawids, pour le compte du dictateur de l’époque Omar el-Béchir.

« Je suis alarmée par les informations selon lesquelles des civils sont pris dans les combats en cours », a ajouté Mme Nkweta-Salami, une situation qui « rappelle les évènements de juin d’El Geneina », chef-lieu du Darfour-Ouest, théâtre selon des organisations de défense des droits humains et des témoins de massacres et de violences sexuelles généralisées.

En juillet, la CPI a ouvert une enquête pour crimes de guerre dans la région du Darfour.