(Wad Madani) Des corps de personnes en uniforme militaire jonchent les rues d’Omdourman, en périphérie de la capitale soudanaise, ont rapporté des témoins jeudi, l’ONU s’alarmant d’une intensification des combats dans la région du Darfour au septième mois de la guerre entre l’armée et les paramilitaires.  

Les affrontements se poursuivent à Khartoum et dans sa banlieue ainsi qu’au Darfour, dans l’ouest du pays, alors qu’une nouvelle période de négociations parrainée par l’Arabie saoudite et les États-Unis s’est achevée cette semaine sans aboutir à un accord sur un cessez-le-feu.

« Des corps de personnes en uniforme militaire gisent dans les rues du centre-ville après les combats d’hier [mercredi] », ont déclaré des témoins à Oumdourman, joints par téléphone depuis Wad Madani, au sud de Khartoum.  

D’autres ont rapporté qu’un obus était tombé sur l’hôpital AlNau au nord d’Omdourman, dernier établissement médical opérationnel de la région, tuant une « travailleuse » de santé.   

L’ONU s’est en outre inquiétée de la situation humanitaire au Darfour.

« Des centaines de milliers de civils et de déplacés sont désormais en grand danger à El-Facher, chef-lieu du Darfour-Nord, face à une détérioration rapide de la situation sécuritaire [et] un manque de nourriture et d’eau », a écrit sur X Toby Harward, coordinateur humanitaire adjoint de l’ONU pour le Darfour.   

« Les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) et l’armée soudanaise se battent pour le contrôle de la ville, et cela aura un impact catastrophique sur les civils », a-t-il ajouté.   

L’ambassade des États-Unis a exprimé de son côté sa « grande préoccupation face aux témoignages faisant état de graves violations des droits de l’homme commises par les FSR » au Darfour.

Elle fait état « notamment de meurtres dans la région d’Ardmata, dans l’État du Darfour-Ouest » et s’inquiète du fait que des dirigeants et membres des Massalit, minorité ethnique non arabe parmi les plus importantes du Darfour-Ouest, soient « ciblés ».  

Le Conseil de souveraineté, plus haute autorité du pays, avait annoncé lundi la mort « d’un pilier de l’administration civile au Darfour-Ouest […], assassiné » par les FSR qui ont « attaqué des maisons dans la région d’Ardmata ».   

« Son fils et huit de ses petits-enfants ont également été tués », ajoute cette instance présidée par le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane.  

Déclenchée le 15 avril, la guerre entre l’armée et les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 9000 morts selon une estimation de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), considérée comme très largement sous-estimée.

Elle a aussi déplacé plus de 6 millions de personnes et détruit la plupart des infrastructures.

L’ONU a sonné l’alarme jeudi face à l’afflux croissant au Soudan du Sud de personnes fuyant les combats, qu’il s’agisse de réfugiés soudanais ou de Soudanais du Sud regagnant leur pays.

« Le nombre de personnes arrivées au Soudan du Sud a augmenté en octobre d’au moins 50 % par rapport à septembre », a dit à New York Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, précisant que 366 000 hommes, femmes et enfants ont traversé la frontière vers le Soudan du Sud depuis le 15 avril.

« Alors que le conflit s’approche du sud (du Soudan), cela pourrait provoquer encore plus de déplacements », a-t-il mis en garde.