(Ouagadougou) Le régime militaire au pouvoir au Burkina Faso a annoncé samedi soir avoir suspendu « tous les supports de diffusion » du média français Le Monde, après la publication la veille d’un article au sujet d’une attaque djihadiste sanglante dans le nord du pays.  

« Le gouvernement a décidé en toute responsabilité de la suspension de tous les supports de diffusion du journal Le Monde au Burkina Faso à compter de ce samedi 2 décembre 2023 », a écrit dans un communiqué le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.  

Ce dernier évoque un « article tendancieux », en référence à une publication sur le site internet du Monde, vendredi, au sujet de l’attaque djihadiste sanglante qui a frappé dimanche une base militaire à Djibo (nord), intitulé « Au Burkina Faso, la guerre de propagande fait rage après l’attaque djihadiste sur Djibo ».

Selon l’ONU, 40 civils sont morts dans cette attaque revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) tandis que des sources sécuritaires burkinabè avaient évoqué « quelques » soldats tués.  

L’Agence d’information du Burkina Faso (AIB, officielle) avait assuré que « plus de 400 terroristes » ont été abattus lors de la contre-offensive.

« Contrairement à ce qu’affirme de façon péremptoire le journal Le Monde, jamais le gouvernement burkinabè ne s’est enfermé dans une logique de propagande dans la guerre que nous menons contre le terrorisme », assure M. Ouedraogo, affirmant que Le Monde « a choisi son camp ».

Plusieurs médias français ont été suspendus cette année, dans ce pays dirigé depuis octobre 2022 par le capitaine Ibrahim Traoré arrivé au pouvoir par un coup d’État.

Fin septembre, le mensuel Jeune Afrique avait été suspendu après un article qualifié de « mensonger » sur des tensions au sein de l’armée.  

Les chaînes de télévision LCI et France 24 ainsi que la radio RFI sont également suspendues tandis que les correspondantes des quotidiens Libération et Le Monde avaient été expulsées de Ouagadougou en avril.  

Depuis 2015, le Burkina est pris dans une spirale de violences perpétrées par les groupes djihadistes, qui frappaient déjà le Mali et le Niger voisins.

Elles ont fait plus de 17 000 morts civils et militaires depuis huit ans, dont plus de 6000 depuis le début de l’année 2023, selon l’ONG Acled qui répertorie les victimes des conflits dans le monde.