(Bissau) Le président bissau-guinéen a dénoncé samedi une « tentative de coup d’État » qui aura « de lourdes conséquences » après des affrontements entre l’armée et des éléments des forces de sécurité qui ont fait au moins deux morts.

« J’étais à Dubaï où j’ai pris part à la COP28. Je ne pouvais pas rentrer à cause de la tentative de coup d’État. Je tiens à vous dire que cet acte aura des conséquences graves », a déclaré à son retour à Bissau le président Umaro Sissoco Embalo à la presse.

« il y avait des indices, nous allons vous les montrer. Ce coup d’État a été préparé avant le 16 novembre (date des célébrations du 50e anniversaire des forces armées) », a-t-il poursuivi.

Des affrontements entre les éléments de la Garde nationale, retranchés dans une caserne du sud de la capitale Bissau, et les forces spéciales de la Garde présidentielle, ont éclaté la nuit de jeudi à vendredi, faisant au moins deux morts selon un responsable militaire.

Le calme est revenu vendredi en milieu de matinée avec l’annonce de la capture ou la reddition du commandant de la Garde nationale, le colonel Victor Tchongo.

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Des hommes sont postés devant l’édifice du Parlement à Bissau.

Les éléments de la Garde nationale ont fait irruption jeudi soir dans les locaux de la police judiciaire pour en extraire le ministre de l’Économie et des Finances, Souleiman Seidi, et le secrétaire d’État au Trésor public, Antonio Monteiro.

Les deux membres du gouvernement étaient interrogés par la police judiciaire, sur instruction du procureur général nommé par le président, à propos d’un retrait de dix millions de dollars des caisses de l’État.

« Le colonel Tchongo n’est pas un fou. Il a été envoyé par quelqu’un pour entrer dans les installations de la PJ exfiltrer Souleiman Seidi. L’empire des lois doit fonctionner. Le procureur général est l’avocat de l’État », a dit M. Embalo.

Le président a ensuite annoncé qu’une commission d’enquête sera constituée lundi.

« On n’organise pas un coup d’État contre le président de l’Assemblée nationale, encore moins contre un premier ministre, mais contre le président de la République commandant en chef des armées », a-t-il asséné.

La Guinée-Bissau accuse une instabilité politique chronique et a connu depuis son indépendance du Portugal en 1974 une kyrielle de coups de force, le dernier en février 2022.