(San Vincente del Caguan) Le cessez-le-feu bilatéral avec le gouvernement en Colombie est « en crise », a jugé la principale faction dissidente de l’ancienne guérilla des FARC, qui s’est dite « gravement préoccupée » par la poursuite, selon elle, des attaques des forces de sécurité contre ses troupes.

« Le cessez-le-feu est en crise », a affirmé dans un communiqué « l’État-major central des FARC », ou EMC-FARC, principale dissidence des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui avait refusé de signer l’accord de paix historique de 2016 entre le gouvernement et la guérilla marxiste.

« […] Nos unités se sont retrouvées ces derniers jours assiégées en plusieurs endroits du territoire national par l’armée, au point de risquer de rompre le cessez-le-feu, et ceci du fait des forces armées », met en garde ce communiqué, authentifié vendredi par l’AFP auprès du groupe rebelle.

Ces dissidents citent deux incidents les 11 et 12 avril, respectivement dans les départements du Cauca (sud-ouest) et d’Arauca (nord-est), le premier ayant fait deux morts dans ses rangs par les tirs des militaires.

« Ces graves violations du cessez-le-feu bilatéral de la part des forces armées suscitent notre grave préoccupation », prévient la dissidence, qui réaffirme sa volonté « d’aller de l’avant pour consolider les avancées » vers « une paix totale avec la justice sociale ».

Un cessez-le-feu bilatéral de six mois a été convenu avec les principales factions de la dissidence des FARC depuis le 1er janvier, ainsi qu’avec d’autres groupes armés. S’il a été rompu depuis lors avec les narcotrafiquants du Clan del Golfo, il a paru respecté jusqu’à présent avec les dissidents.

En milieu de semaine, le gouvernement a annoncé que le processus de paix avec l’EMC-FARC se « consolidait », après une réunion le 12 avril, en présence de représentants de la communauté internationale, avec une quinzaine de commandants de ce groupe, eux-mêmes rassemblés depuis le début du mois en conclave dans la région du Caqueta (sud-ouest).

La justice colombienne a suspendu les mandats d’arrêt contre 19 des principaux chefs de la guérilla dissidente, estimée à au moins 3000 hommes et qui opère principalement en Amazonie, sur la côte Pacifique et à la frontière vénézuélienne.

Sous le commandement d’« Ivan Mordisco », les dissidents EMC-FARC ont fédéré ces derniers mois au moins trois autres « Fronts » de la dissidence opérant hors du Caqueta, fief historique de la guérilla marxiste.

Selon la presse colombienne, ils s’apprêteraient à organiser dans les prochains jours un « acte politique de masse », dans cette même région du Caqueta, pour préciser publiquement les contours de leur adhésion aux négociations en cours.

Au pouvoir depuis l’été 2022, le président colombien Gustavo Petro, premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, ambitionne de mettre en œuvre une politique de « paix totale » visant à désarmer les guérillas, groupes armés et gangs criminels et à mettre fin aux violences dans le pays premier producteur de cocaïne au monde. Des négociations de paix sont déjà en cours avec l’ELN guévariste, mais toujours pas de cessez-le-feu.