(La Paz) Des milliers de producteurs de coca en Bolivie ont bloqué les routes jeudi, au quatrième jour des manifestations de soutien à l’ex-président Evo Morales, disqualifié par la justice comme candidat à l’élection présidentielle de 2025.

Selon un rapport officiel, deux civils sont morts en raison des blocages routiers et 11 policiers ont été blessés mercredi au cours d’affrontements avec des manifestants réclamant la démission des juges de la Cour constitutionnelle qui se sont prononcés contre M. Morales ces derniers jours.

« Nous n’allons pas rentrer chez nous sans ces démissions. Nous voulons des élections judiciaires », a déclaré le leader de la protestation Vicente Choque à la radio RKC depuis l’un des points de rassemblement dans le département de Cochabamba, bastion politique de l’ancien président (2006-2019), lui-même un ancien producteur de coca.

Les juges de la Cour constitutionnelle et d’autres tribunaux ont prolongé eux-mêmes leur mandat – qui devait prendre fin en 2023 – en l’absence d’un accord au Congrès sur l’organisation d’élections pour de nouvelles autorités judiciaires.

Menés par la puissante organisation des producteurs de coca, les partisans de M. Morales bloquent la circulation depuis lundi à l’aide de pierres, de troncs d’arbre et de pneus enflammés. Des dizaines de véhicules ont été bloqués sur les routes.

Jeudi, l’administration des routes a enregistré 22 points de blocage, notamment dans les départements de La Paz, la capitale, et de Santa Cruz, le moteur économique de la Bolivie, contre 16 mercredi.

Les barrages routiers coupent l’est et l’ouest de la Bolivie et menacent de faire augmenter le prix de la viande et des œufs à La Paz.

En conséquence, le gouvernement envisage de construire un « pont aérien pour faciliter l’arrivée des produits » dans la capitale bolivienne, a déclaré le vice-ministre de la protection des consommateurs, Jorge Silva. Les blocages routiers entraînent des pertes quotidiennes de 128 millions de dollars (environ 118 millions d’euros), selon les estimations du ministère de l’Économie.

Les manifestations ont encore accentué la confrontation entre M. Morales et le l’actuel président Luis Arce, son ancien allié et ex-ministre de l’Économie, qu’il accuse d’avoir empêché sa candidature avec l’aide de membres du congrès et de juges.

Tous deux ont été désignés par leurs partisans comme candidats à la présidence en 2025.

Evo Morales a été président de la Bolivie de 2006 à 2019, ayant été réélu en 2009, puis en 2014. En 2019, il a démissionné de la présidence sur fond de troubles sociaux et d’accusations de fraude électorale.