L'armée américaine frappe vite et fort pour secourir les Haïtiens : au total, près de 10 000 hommes sont attendus sur zone d'ici lundi afin de secourir les victimes du tremblement de terre et assurer la sécurité dans les rues dévastées de Port-au-Prince.

Les États-Unis disposeront de 9000 à 10 000 soldats en Haïti ou au large de ses côtes, avec l'arrivée du porte-avions Carl Vinson et d'autres bâtiments, a annoncé vendredi le chef d'état-major interarmées, l'amiral Michael Mullen. L'amiral Mullen a indiqué qu'il était trop tôt pour dire s'il allait falloir déployer davantage de soldats sur le terrain proprement dit, en plus des 3 500 soldats de la 82e division aéroportée et des 2 000 Marines déjà prévus pour maintenir «un environnement sûr» lors de la distribution de l'aide humanitaire.

Un millier de soldats sont déjà sur le terrain et distribuent de l'eau potable par hélicoptère vers différents quartiers de la capitale, a précisé l'amiral. Le Carl Vinson, arrivé jeudi soir, sert d'héliport flottant au large des côtes, l'aéroport de Port-au-Prince étant engorgé.

La mission d'assistance des États-Unis en Haïti demeure concentrée sur le sauvetage des vies humaines mais les troupes américaines pourraient être appelées à maintenir l'ordre si les conditions de sécurité venaient à se détériorer.

Les conditions de sécurité «restent correctes» à Haïti, a toutefois souligné le secrétaire à la Défense, Robert Gates, malgré des témoignages faisant état de pillages et de coups de feu.

Il a relevé qu'il était crucial de distribuer de l'eau et des vivres «aussi vite que possible» aux Haïtiens pour empêcher que «leur désespoir se transforme en violence».

Le chef du Pentagone a souligné que le maintien de l'ordre incombait en premier lieu aux soldats de la force de la paix de l'ONU sur place. «Ils seront les premiers responsables de la sécurité», a-t-il dit.

Mais les casques bleus ont été durement frappés par le séisme de mardi, l'ONU faisant état de 37 morts et 330 disparus.

Haïti n'a pas d'armée et ses forces de police ont quasiment disparu dans le chaos qui a suivi le tremblement de terre. Le maintien de l'ordre repose presque entièrement sur la force de l'ONU, dont les quelque 7 000 soldats et 2 000 policiers sont déployés depuis 2004 pour aider à stabiliser le pays.

Interrogé sur l'absence de largages de vivres ou de médicaments par l'armée américaine, M. Gates a répondu qu'une telle opération aurait pu conduire à des émeutes en l'absence de «contrôle de la distribution sur le terrain».

Robert Gates a également expliqué que les forces américaines ne pouvaient entreprendre d'actions unilatérales et devaient travailler avec les Haïtiens. «Nous travaillons avec un pays souverain. Les Haïtiens sont toujours responsables du contrôle du trafic aérien», a-t-il dit.

Le président Barack Obama s'est entretenu une demi-heure avec son homologue haïtien René Préval, a fait savoir la Maison-Blanche.

Outre l'assistance au peuple haïtien, l'intervention américaine a aussi pour mission «de rebâtir la capacité d'action du gouvernement», selon le Pentagone.

Les responsables américains craignent qu'une plongée dans le désordre ne déclenche, comme cela s'est produit par le passé, un exode d'Haïtiens désespérés cherchant sur des embarcations de fortune à gagner les États-Unis.