Éoliennes canadiennes, technologies d'Hydro-Québec, expertise québécoise en génie : le gouvernement Harper estime qu'il ne faut pas seulement reconstruire Haïti, il faut reconstruire le pays dans un meilleur état que celui dans lequel il se trouvait avant le tremblement de terre qui l'a dévasté.

Alors que les recherches de survivants se terminent sur le terrain, le Canada lancera officiellement ce matin à Montréal le processus politique qui permettra de rebâtir Haïti, et ce, avec l'aide possible de professionnels québécois, a appris La Presse.

Quatorze pays et quatre organisations ont confirmé leur présence à cette «conférence ministérielle préparatoire» qui vise à «fixer une orientation claire et commune pour le relèvement rapide et la reconstruction durable d'Haïti».

En présence du premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, les dignitaires discuteront dans un premier temps des enjeux immédiats liés à la situation humanitaire et aux opérations internationales de secours qui se poursuivent dans le pays.

Ils aborderont ensuite la délicate reconstruction d'Haïti, en mettant l'accent sur «le ralliement des efforts internationaux sous l'égide des Nations unies», afin de stabiliser puis de rebâtir le pays.

Plus concrètement, ils fixeront la date et l'endroit de la conférence internationale élargie, qui pourrait avoir lieu en mars prochain (la République dominicaine et la Martinique sont sur les rangs). Puis ils dresseront une liste de «priorités clés» pour la suite des choses.

«Ce dont nous avons besoin pour aller de l'avant, c'est un plan d'action commun qui réponde aux attentes du peuple haïtien et qui soit fondé sur une évaluation rigoureuse des besoins et des priorités», a précisé dimanche matin le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, qui présidera la rencontre d'aujourd'hui.

«Build Back Better»

Pour ce faire, les délégués présents dans la métropole québécoise, parmi lesquels se trouveront la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton et le ministre français Bernard Kouchner, assisteront à une présentation sur les besoins à long terme du pays par les organisations non gouvernementales travaillant en Haïti.

Mais pour le ministre Cannon, une chose est d'ores et déjà certaine : il faut reconstruire mieux que ce qui existait avant le séisme du 12 janvier, selon le principe du «Build Back Better».

«Cela signifie que l'argent investi dans les infrastructures doit aller aux meilleures technologies existantes, a-t-il indiqué en entrevue avec La Presse, dimanche. Haïti a toujours été dépendant des énergies conventionnelles, par exemple. Est-ce possible de profiter des technologies éoliennes du Canada ou de l'expertise d'Hydro-Québec pour générer de l'électricité ? C'est une question.»

«Ne pourrions-nous pas aussi trouver, grâce au génie québécois ou canadien, de meilleures pratiques pour reconstruire des immeubles en zone de risque de séisme ? a-t-il ajouté. Nous devons nous poser la question : est-ce que c'est quelque chose que nous pouvons utiliser pour permettre au pays d'assurer lui-même son avenir ?»

Ce sujet sera-t-il abordé aujourd'hui, pendant la conférence ? «C'est un sujet qui sera traité dans les rencontres techniques, a précisé le ministre, de telle sorte qu'à la conférence sur la reconstruction, nous pourrons nous retrouver et dire : voici le plan, voici la façon de procéder et voici les meilleures façons d'y arriver.»

La conférence préparatoire débute lundi matin à 9h au siège social de l'Organisation de l'aviation civile internationale, au centre-ville de Montréal. Les chefs de diplomatie de l'Espagne, du Brésil, de la République dominicaine, du Japon, du Chili, du Pérou, de l'Uruguay, du Mexique, de l'Argentine et du Costa Rica seront présents, de même que les représentants de l'Union européenne, des Nations unies, de l'Organisation des États américains et du CARICOM.