Alors que Port-au-Prince se remet péniblement du séisme du 12 janvier, les autorités se préparent déjà au prochain désastre: la pluie. La saison des pluies, qui est sur le point de commencer, apportera son lot de problèmes à une population déjà au bord du gouffre.

Partout à Port-au-Prince, les autorités médicales sont débordées. Les malades affluent par centaines dans les hôpitaux de la ville. Chaque jour, de nouvelles maladies sont signalées.

 

À l'hôpital américain installé à l'aéroport, on reçoit de plus en plus de patients atteints de tuberculose. Les huit tentes d'isolement sont déjà bondés. Des patients continuent aussi de mourir du tétanos. «On en a vu beaucoup au cours des derniers jours. On a un patient atteint du tétanos qui est actuellement dans un état critique», a expliqué le Dr Mike Williams, chirurgien traumatologue à l'hôpital américain.

Le Dr Williams avoue que toutes les autorités médicales sont en état d'alerte. «On sait que la fièvre dengue s'en vient. Et quand il y aura la première pluie... On n'ose même pas y penser», soupire-t-il.

La directrice de l'hôpital américain, Elizabeth Greig, ajoute que de plus en plus de patients atteints du VIH, qui étaient traités avant le séisme, ne peuvent plus recevoir de médicaments. «Ils viennent nous voir ici. Ils ne savent plus comment se faire aider, dit-elle. Les besoins sont tellement grands qu'on est en train de s'installer ici de façon permanente.»

Alexandre Asnel, politicien local membre des comités de citoyens de son quartier, estime que les conditions dans son camp, où vivent 12 000 personnes, dans le quartier Delma 33, se détériorent de jour en jour: «Nous avons de plus en plus de cas de diarrhée, de fièvre et maintenant des boutons chez les enfants.»

La porte-parole de Médecins sans frontières, Avril Benoît, reconnaît qu'on diagnostique constamment de nouvelles maladies dans la capitale haïtienne. «Il y a des diarrhées, des maladies de peau. Les enfants sont très atteints, note-t-elle. On est aussi déjà en alerte pour prévoir ce qui arrivera avec les pluies.»

Quand les fortes pluies s'abattront sur Haïti, elles entraîneront dans les camps les tonnes de déchets et d'excréments qui jonchent les trottoirs. Les abris de fortune ne résisteront pas aux intempéries, prévoit Jean-Pierre Taschereau, le chef d'équipe de la Croix-Rouge internationale qui était en poste jusqu'à hier à Port-au-Prince.

«Après les pluies d'hiver, il y aura les ouragans à l'automne. Donc, les tentes, ce n'est qu'une solution temporaire pour des gens qui seront dans les camps pendant des mois, peut-être plus. Avec le vent des ouragans, les tentes vont s'envoler jusqu'en République dominicaine! Nous, pour nos installations, nous sommes déjà en mode désastre et nous nous préparons à établir des camps plus solides.»

M. Tascherau prévoit aussi que la pluie rendra impraticable la route qui relie Saint-Domingue (République dominicaine) à Port-au-Prince. «C'est notre principale voie pour acheminer l'aide ici», s'inquiète M. Tascherau.