(Sydney) Le chef de la diplomatie indienne s’en est pris samedi aux détracteurs « alarmistes » qui affirment que la démocratie indienne est menacée, épinglant notamment le milliardaire George Soros, cible fréquente de la droite conservatrice.

Lors d’un évènement organisé à Sydney, en Australie, le ministre indien des Affaires étrangères S. Jaishankar a rejeté les accusations selon lesquelles les perquisitions menées dans les bureaux de la BBC en Inde révèlent un virage autoritaire du premier ministre Narendra Modi et de son gouvernement.

Le ministre a défendu M. Modi et qualifié ses détracteurs d’« alarmistes » ayant une « vision euro-atlantique » de la démocratie et ne respectant pas le choix politique du peuple indien.

« Il y a encore des gens dans le monde qui pensent que leur définition, leurs préférences, leurs points de vue doivent prendre le pas sur tout le reste », a-t-il déclaré.

Les autorités fiscales indiennes ont conduit mardi des perquisitions dans les bureaux de la BBC à New Delhi et à Bombay, quelques semaines après la diffusion d’un documentaire sur le rôle de M. Modi dans les émeutes interconfessionnelles meurtrières de 2002.

PHOTO ALTAF HUSSAIN, ARCHIVES REUTERS

Des membres de la police frontalière indo-tibétaine montent la garde à l’extérieur d’un bâtiment abritant les bureaux de la BBC, où des fonctionnaires de l’impôt sur le revenu effectuent une perquisition.

M. Jaishankar a pointé du doigt le milliardaire et philanthrope George Soros qui a récemment souligné les liens étroits du chef du gouvernement indien avec les entreprises soupçonnées de fraude du conglomérat de Gautam Adani, et suggéré que M. Modi « n’est pas un démocrate » bien que l’Inde soit une démocratie.

Le ministre indien a décrit le financier américain d’origine hongroise, âgé de 92 ans, comme étant « vieux, riche, aux opinions bien arrêtées et dangereux » et quelqu’un qui « pense toujours que ses points de vue doivent déterminer le fonctionnement du monde entier ».

« Les gens comme lui pensent qu’une élection est bonne si la personne qu’[ils soutiennent] l’emporte. Si l’élection aboutit à un résultat différent, alors [ils disent] que la démocratie est défectueuse », a soutenu M. Jaishankar.

M. Soros finance depuis longtemps des projets promouvant la transparence et la démocratie, ce qui fait de lui la cible de nombreuses théories du complot et d’attaques à caractère politique.

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