(Séoul) Le Commandement de l’ONU a annoncé jeudi que Pyongyang avait « répondu » à ses sollicitations concernant le soldat américain Travis King qui serait détenu en Corée du Nord après y être entré illégalement le 18 juillet, sans donner plus de précisions.  

L’armée nord-coréenne « a répondu au Commandement des Nations unies concernant le soldat deuxième classe King », a affirmé dans un communiqué la force multinationale de l’ONU dirigée par les États-Unis, qui supervise le respect de l’armistice entre les deux Corées.  

« Dans le but de ne pas interférer avec les efforts pour le ramener chez lui, nous n’entrerons pas dans les détails pour l’instant », a-t-elle toutefois précisé.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a confirmé ce contact avec les Nord-Coréens, tout en reconnaissant n’avoir toujours aucune idée d’où il se trouvait ni dans quelles conditions.

« On s’efforce d’en apprendre plus sur où il se trouve et son bien-être mais on n’a pas ces informations », a déclaré M. Blinken à la chaîne de télévision américaine ABC.

« Hier, enfin, les Nord-Coréens ont reconnu qu’ils comprenaient qu’on se pose ces questions. Ils n’ont pas donné de réponses », a-t-il ajouté.

Selon un responsable américain sous couvert d’anonymat, le contact a été très bref et sans substance.

Ce développement intervient dix jours après l’annonce par le Commandement de l’ONU du lancement de « discussions avec l’armée populaire coréenne via le mécanisme de l’accord d’armistice », en référence à l’accord ayant mis fin aux hostilités en 1953 après la guerre de Corée.

Emprisonné deux mois après une bagarre alcoolisée en discothèque et une altercation avec la police locale à Séoul, et tout juste libéré de prison le 10 juillet, le soldat de deuxième classe, âgé d’une vingtaine d’années et engagé depuis 2021, avait été escorté à l’aéroport pour rentrer aux États-Unis en vue d’une audience disciplinaire.

Mais au lieu de se rendre à Fort Bliss pour des audiences disciplinaires, Travis King s’était éclipsé le 18 juillet. Il avait alors traversé « volontairement et sans autorisation » la frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, à l’occasion d’une visite dans la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux pays, selon le Commandement de l’ONU.

Les deux Corées restent techniquement en guerre, car le conflit de 1950-53 s’est terminé par un armistice, pas un traité, et la majeure partie de la frontière entre elles est fortifiée.

Située en Corée du Nord, la zone démilitarisée se visite, à condition de s’inscrire plusieurs semaines à l’avance en fournissant un passeport.

Pyongyang a à de nombreuses reprises détenu des Américains et les a utilisés comme monnaie d’échange.

Cet incident intervient dans un contexte de forte tension entre l’Occident et le président nord-coréen Kim Jong-un qui a présenté fin juillet de nouveaux drones et missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) à capacité nucléaire, devant le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.

Mais les avancées de jeudi « montrent un signe de la volonté de la Corée du Nord de négocier » et de normaliser ses relations avec États-Unis afin d’être moins dépendante de la Chine, estime Vladimir Tikhonov, professeur à l’Université d’Oslo.