Disons-le tout de suite: Mitt Romney ne devancera pas Sarah Palin sur les listes des best-sellers avec son nouveau livre, No Apology : The Case for American Greatness, qui est sorti en librairie la semaine dernière.

Contrairement à Going Rogue, les mémoires de l'ex-gouverneure d'Alaska qui se sont vendus à plus de deux millions d'exemplaires, l'ouvrage de l'ancien candidat présidentiel ne contient ni détail croustillant sur sa vie personnelle ni règlement de compte avec les anciens membres de son entourage. L'auteur y traite surtout de politique étrangère et d'économie, présentant un plan en 64 points pour relancer les États-Unis.

De toute évidence, Mitt Romney n'entend pas marcher sur les plates-bandes de Sarah Palin, une des candidates potentielles à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012. Dans une interview marquant la sortie de son livre - et le début officieux de sa deuxième campagne à la Maison-Blanche -, l'ancien gouverneur du Massachusetts a d'ailleurs rejeté les «tentations du populisme», une référence au mouvement Tea Party dont l'ex-colistière de John McCain est l'une des héroïnes.

«Le populisme auquel je fais allusion est la diabolisation de certains membres de la société: attaquer les gens d'affaires, attaquer Wall Street, attaquer les gens qui ont reçu une éducation supérieure, les gens qui sont PDG. Dire que tous nos problèmes sont causés par tel ou tel groupe n'est pas productif», a confié Romney au Boston Globe, précisant que sa critique s'appliquait autant à Barack Obama qu'aux politiciens républicains qui tentent d'exploiter la colère exprimée par le mouvement Tea Party.

Le «nouveau Romney», comme certains désignent désormais l'adversaire malheureux du sénateur McCain lors de la campagne des primaires républicaines de 2008, n'est cependant pas à l'abri d'une certaine démagogie. Le titre de son livre, No Apology (Pas d'excuse), fait référence à la critique des Dick Cheney, Sean Hannity et autres va-t-en-guerre à l'endroit de la politique étrangère du président Obama.

«Jamais dans l'histoire américaine un président ne s'est-il présenté devant un aussi grand nombre d'auditoires étrangers pour s'excuser d'un aussi grand nombre de méfaits américains, réels ou imaginés», écrit Mitt Romney dans son livre, dont les chapitres consacrés à la sécurité nationale appellent à une augmentation des dépenses militaires pour faire face à la montée des Chinois, des Russes et des «djihadistes violents».

«Il y a des feux antiaméricains qui brûlent partout sur la planète et les mots du président Obama les alimentent», ajoute l'auteur de No Apology.

L'allusion à un antiaméricanisme à la hausse semble bizarre: il n'y a pas un mois, un sondage Gallup faisait notamment état d'une nette amélioration de la perception du leadership des États-Unis dans le monde de 2008 à 2009.

Mais Mitt Romney, un diplômé de Harvard qui a fait fortune en affaires avant de se faire élire gouverneur du Massachusetts en 2002, a certainement changé d'approche depuis sa première campagne à la Maison-Blanche. En 2007, il avait suscité des doutes sur sa sincérité en adoptant des nouvelles positions sur plusieurs sujets controversés, dont l'avortement et les armes à feu. Dans son nouveau livre, ce fils d'un ancien gouverneur du Michigan, élevé dans la religion mormone, effleure à peine ces sujets, troquant l'image de croisé moral qu'il avait tenté de se donner il y a trois ans pour celle d'un homme d'État aguerri.

«Le nouveau Romney, accueilli comme le favori des militants conservateurs, est un homme plus constant, plus expérimenté et plus à l'aise», a écrit un journaliste de Politico après le discours du républicain de 60 ans lors de la Conférence d'action politique des conservateurs (CPAC) en février.

L'histoire contemporaine du Parti républicain laisse croire que Mitt Romney serait un aspirant sérieux à l'investiture du Grand Old Party pour l'élection présidentielle de 2012. Contrairement aux démocrates, les républicains ont tendance à choisir des candidats qui en sont à leur deuxième campagne à la Maison-Blanche, que ce soit Richard Nixon en 1968, Ronald Reagan en 1980, George Bush père en 1988, Bob Dole en 1996 et John McCain en 2008.

La recette n'est évidemment pas infaillible.