La foule commençait à se disperser mardi soir dans une ambiance bon enfant au Caire, où la place Tahrir était toujours pleine de monde en début de soirée, selon une une journaliste de l'AFP sur place.

De nombreux manifestants rentraient chez eux par le pont Kasr el-Nil, d'ordinaire engorgé de voitures et désormais envahi par les piétons, pour beaucoup des drapeaux à la main après une journée de mobilisation d'une ampleur sans précédent en huit jours de contestation contre le président Hosni Moubarak.

La foule reprenait en choeur des chansons de la légende Oum Kalsoum ou du grand chanteur Abdel Halim Hafez, ou dansait au rythme de tambourins.

De petits groupes se sont installés pour dîner et se préparent à passer la nuit sous les tentes malgré le couvre-feu en vigueur dans la capitale et deux autres villes de 15H00 à 8H00.

«On ne partira que lorsque Moubarak partira !» scandait un groupe d'hommes venus du gouvernorat de Charquiya.

«J'étais d'accord pour qu'il parte de manière honorable et digne, mais là ce n'est plus possible, il s'accroche trop. Il doit quitter le pouvoir», affirme Radwa Mohammed, 26 ans, employée dans le tourisme.

Des discussions entre manifestants sur l'après-Moubarak tournaient à des débats passionnés, notamment sur le choix de Mohammed ElBaradei, l'opposant le plus en vue, à la tête d'un éventuel gouvernement de transition.

«Peu importe qui vient après, tant qu'il y a des élections libres et transparentes. Le plus important est que le président parte», estime Ramadan Othmane, un cordonnier de 38 ans.

Par ailleurs, plusieurs banques publiques vont alimenter leurs distributeurs automatiques et prendre les mesures nécessaires pour payer les salaires des employés du secteur public mercredi, selon un responsable de la Banque centrale cité par l'agence officielle Mena.

Le pays commençait à manquer de liquidités, les banques n'ayant pas ouvert depuis dimanche, après une fermeture hebdomadaire vendredi et samedi.

Enfin le nouveau ministre de l'Intérieur Mahmoud Wagdi a décidé de modifier le slogan de la police qui devient «la police au service du peuple», alors qu'il était sous son prédécesseur Habib el-Adli, «la police et le peuple au service de la patrie», selon Mena.